Tout commença à cause d'une fleur magique. Cette plante aux vertus rajeunissante, était la dernière de son espèce et seule une personne savait où elle était. Elle s'appelait Gotel et la fleur en question n'était autre que la Raiponce. Gotel l'avait préservé, gardé pour elle pendant toutes ses années, grâce à cette dernière elle restait éternellement jeune.
Un jour la reine fut gravement malade alors qu'elle attendait un nouveau né, en réalité elle en attendait deux, mais elle aurait la surprise un peu plus tard. Le roi ne pu accepter cela, la perte de sa femme et de son futur héritier aurait causé sa perte. Aussi il fit venir un grand nombre de mage et de médecin afin de les soigner. Ils s'accordèrent tous sur un même point, seule la Raiponce pouvait la sauver. Une grande quête fut donc lancée dans tout le royaume à la recherche de la fleur magique.
Au bout de plusieurs semaines de recherche, ils la trouvèrent et la ramenèrent au château. On broya la fleur afin d'en faire un médicament que l'on fit ingurgité à la reine et qui la guérie. L'histoire aurait pu se terminer ainsi, mais le seul hic c'était Gotel. On lui avait dérobé sa fleur. Sans elle son vieillissement s'accélérait considérablement, toutes les années que lui avait fait gagner la Raiponce lui était reprise. Comment allait-elle faire ? Il n'existait nulle autre alternative dans le monde des contes.
La reine mit au monde deux filles, qu'ils nommèrent Raiponce et Giselle en hommage à la fleur qui les avait sauvés et de la mère de la reine. Deux magnifiques petites filles aux cheveux aussi blonds que l'or et aux yeux aussi verts que l'émeraude. La beauté de la Raiponce se lisait en elle, quelques heures après sa naissance, la marraine des princesses tenta de les préserver. Elle jeta un enchantement qui fit disparaître la blondeur de leur chevelure afin de les remplacer par une couleur châtaigne similaire à celle de la reine. Malheureusement, les rumeurs avaient déjà parcouru une grande partie du royaume, la blondeur des cheveux des princesses avait attisé la curiosité d'un grand nombre de personne et pour cause le roi et la reine était brun. Les jaloux aimaient à penser que la reine avait un amant, mais qu'importe, Gotel avait eu vent des rumeurs. Elle comprit immédiatement que ce phénomène était dû à la Raiponce.
Sans perdre une seconde, Gotel se hissait jusqu'à la chambre des princesses tel un pirate envahissant un bâtiment. Croyez-moi pour une vielle dame elle se débrouillait particulièrement bien. Malgré une légère fatigue tout à fait compréhensible je vous laisse imaginer la tête de la sorcière en voyant les cheveux châtain des nouveaux nés. Gotel crue un instant que les rumeurs étaient fausse, mais elle chanta quand même la chanson et le miracle se produit. Raiponce fut la première à passer entre ses mains, sa sœur était non loin endormi dans son berceau. Dès les premières paroles, la couleur châtain fut remplacée par leur couleur d'origine, prodiguant au passage une nouvelle jeunesse à Gotel. Cette dernière profita de cet instant pour couper une mèche de cheveux au nourrisson, mais à peine avait elle fait cela que le doré disparu aussitôt pour reprendre leur couleur « normale ». Elle n'avait pas eu d'autre alternative, il lui restait plus qu'à voler l’enfant. Ô elle aurait pu prendre qu’une seule des jumelles, seulement l’égoïsme de la sorcière l’empêcher de faire celà. Ah peine avait-elle sortie le nourrisson de son berceau que ce dernier se mit à brailler réveillant au passage quelques serviteurs du roi et sa sœur qui pleurait à son tour. Gotel devait faire vite et c'est ce qu'elle fit. Elle parvint à emmener Giselle et Raiponce et les sépara afin d’éviter toutes tentative de fuite une fois qu’elles seraient grande. Gotel emmena Raiponce dans la tour qu’elle avait construit grâce sa magie et l’enferma à son sommet.
Cette enfant dont je vous parle, c’est moi. Je suis la princesse disparue. Le reste de mon enfance est tout à fait dénudée d'intérêt. Je suis restée dix-huit ans enfermée aux sommets de cette tour. Emprisonnée par celle que je pensais être ma mère. Séparée de ma sœur, dont j’ignorais totalement l’existence, mais dont je rêvais parfois. Seulement dès que j’osais parler de cette fillette, ma mère s’échinait à me faire redescendre sur terre. Finalement, j’avais appris à ne plus lui en parler et à avoir presque honte d’en rêver tellement j’avais peur de blesser ma mère. Contrairement à ce que l'on pourrait pensé je l'aimais. J'aimais Gotel, je m'efforçais aussi de tout faire pour recevoir un peu d'amour en retour. Mais ce miracle n'eu jamais lieu. Pardon, si ce miracle avait lieu une fois par jour, lorsque ma mère chantait sa chanson pour stimuler ma magie :
« Fleur aux pétales d'or
Répands ta magie
Inverse le temps
Rends-moi ce qu'il m'a pris
Guéris les blessures
Éloigne la pluie
Ce destin impur
Rends-moi ce qu'il m'a pris
Ce qu'il m'a pris »
Cette chanson résume toute mon enfance. Durant mes longues journées de solitude, je m'occupais en peignant, en cuisinant, en lisant, je faisais également de la poterie et du ménage, mais surtout je m'échinais à brosser la longue chevelure et croyez-moi, brosser des mètres de cheveux ça prend beaucoup, beaucoup de temps. En somme j'étais la fille au foyer parfaite et certainement rêver par tous. Cloîtrée dans ma tour, je recevais tous les jours la visite de ma « mère ». Chaque jour, elle se hissait en haut de ma tour grâce à ma chevelure. Une tâche qui bizarrement j'adorais accomplir. Ah si le seul événement marquant de mon enfance fut le jour où je retrouvais un petit caméléon sur le rebord de ma fenêtre. Un caméléon que je nommais Pascal et que j'avais dissimulé à Gotel consciente qu'elle me l'aurait confisqué. Pascal était mon meilleur ami, mais jamais au grand jamais je ne m'étais doutée que Pascal était plus qu'un simple animal.
Ah et oui il y a aussi autre chose : chaque année le soir de mon anniversaire, je vois de ma fenêtre des étoiles. Oui je sais vous allez dire que c'est normal, mais là ce n'est pas des étoiles comme les autres, elles reviennent uniquement pour mon anniversaire et elles sont plus brillantes que n'importe quel autre. J'aime à penser qu'elles sont pour moi et je rêve de pouvoir un jour les voir de plus près. Après quelques heures, que j’avais passé à étudier le phénomène et j’avais fini par découvrir que ce n’était pas des étoiles, mais plutôt des lanternes, que les habitants du royaume lançaient dans le ciel dès que la nuit tombait.
Ma vie était parfaitement platonique jusqu'à ce jour. Ma dix-huitième année approchait. Mon anniversaire, comme chaque année parce que oui un anniversaire ça se fête chaque année et je le répéterais aussi souvent qu'il le faudra ! Cette année serait différente des autres ! Je l'avais décidé ! J'allais prendre mon courage à deux mains et parler à ma mère. Quelques jours avant la date fatidique, j’y ai parlé. J'y ai demandé qu'elle m'emmène à la fête des étoiles. Une requête qu'elle accueillie mal, mais vraiment. Jamais je ne l'avais vu aussi en colère. Ce jour-là elle m’apprit également ce que j'avais toujours su au fond de moi sans jamais vouloir vraiment me l'avouer : jamais au grand jamais je ne sortirais de cette tour dont je connaissais tous les recoins. « Le monde est trop dangereux Raiponce je fais ça pour toi ! » « Regarde toi Raiponce tu ne tiendrais pas un jour en dehors de cette tour » Toujours le même refrain, trop faible, trop peureuse, qu'en savait-elle de quoi j'étais capable ! Hein je vous le demande ! Cette nuit qui avait précédé cette « merveilleuse » nouvelle avait été bercée par mes monologues/ Pascal lui semblait d'accord avec moi. J'étais tout à fait capable de me débrouiller à l'extérieur de la tour. Puis c'était juste à la fête des lanternes que je voulais y aller, pas dans un nouveau pays où ma mère ne connaissait rien ...
Lorsque j'avais ouvert les yeux le lendemain, je pensais que cette journée serait comme celle que j'avais habituellement, mais c'était sans compter sur Flynn Ryder. Ce voleur, assez séduisant et qu'il le sait, ce dernier avait décidé de monter se réfugier dans la tour suite à son vol de la couronne royale. Rien que ça. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il était très doué. Cependant, il aurait dû faire preuve de plus de discrétion si ce dernier aurait voulu me surprendre. Ma tour était tellement silencieuse que le moindre bruit était révélateur d'une présence. Ce n'était pas ma mère ; Ma mère me demandait de déployer mes longs cheveux pour que je la porte, sait-on jamais si elle se casse un ongle en tentant d'escalader comme le voleur le faisait. Guidée par mon instinct je courrais à la cuisine afin d'en sortir une poêle. Drôle d'arme ? J'en conviens, mais vous verrez elle est très efficace. Méfiez-vous des apparences c'est l'une des meilleures armes que l'on puisse posséder et pour cause.
J'en étais où moi ? Ah oui Flynn Rider grimpait donc au sommet de ma tour, ce dernier ne devait pas se douter du danger qu'il courrait alors qu'il tentait d'échapper au cheval de la garde royale. A peine était-il entré dans ma demeure que je lui assaillais un coup de poêle. L'inconnu à terre, je ne vous cache pas l'immense fierté que j'avais. Après une légère discussion avec Pascal je pus constater que ce dernier avait des dents normales. Drôle de vérification ? Pas tellement quand on sait que ma très chère mère m'a toujours répété qu'à l'extérieur les hommes étaient monstrueux, avaient des dents pointues et allaient me prendre mes cheveux. Alors, riez autant que vous voudrez, mais oui j'ai vérifié les dents de l'inconnu.
Tout cela pour dire que j'avais eu assez de force pour le neutraliser, à mes yeux il serait la meilleure preuve que je n'étais pas aussi fragile que ce qu'aimait penser mère. Consciente que cette dernière viendrait bientôt me voir, je dissimulais le jeune homme dans mon placard. Une tâche qui fut plus complexe que prévu, mais une fois de plus j’y été parvenue ! J'avais réussi, là elle pourrait plus refuser de me laisser partir. Elle allait s'excuser et nous nous réconcilierons et je pourrais aller à la fête des lumières avec ma mère. Enfin ça c'était sans compter sur la délicatesse de ma très chère maman, qui se fit un plaisir de me rappeler que jamais je ne sortirais de cette tour et qu'elle ne voulait même plus m'entendre parler de lanterne. Tout était dit. Je le savais, je n'obtiendrais rien d'elle. Casse l'en tienne, j'irais sans elle ! Comme toujours je chantais la chanson, comme toujours ma mère gagnait en jeunesse. Afin de l'éloigner plusieurs jours je lui demandais d'aller me chercher de la peinture de coquillage. Une peinture qu'elle ne pouvait obtenir qu'après trois jours de voyage. Un détail que Gotel se fit un plaisir de me rappeler. Mais elle ne pu refuser. J'avais le champ libre. Après lui avoir préparé un petit panier de provision pour lui assurer la survie, elle s'en alla.
De mon côté j'emprisonnais le mystérieux garçon dans ma chevelure, bien décidé de découvrir ce qu'il me voulait. Après plusieurs longues minutes de discussion qui furent légèrement laborieuse et teintée d'un cynisme que le jeune homme ne tâchait pas de dissimuler. Il fini par accepter de me donner son aide. Bien entendu tout cela n'était pas gratuit. Une fois qu'il m'aurait emmené à ma dite fête, je devrais lui rendre la couronne royale qu'il avait volé et que je lui avais caché à son arrivée dans ma tour.
S'en suivi d'une longue et merveilleuse aventure. Bien entendu avant d'y parvenir il a fallu que je lutte contre mon sentiment de culpabilité et de l'excitation. Une tâche qui fut loin d'être aisée et qui avait fait naître un sentiment de victoire chez Flynn. Mais qu'importe, il pouvait bien rêver je n'abandonnerais pas en si bon chemin, même si un lapin essaye d'avoir ma peau.
Je le jure ! Ma désobéissance m'offrit tout ce dont j'ai toujours rêvé. Le bonheur. Le monde extérieur n'était pas aussi sombre que ce qu'avait bien voulu me faire croire ma mère. Même les briguant vers lesquelles Flynn m'avais mené. Contrairement aux apparences ces derniers avaient un cœur et des rêves. Mais pas des rêves sanglants et sadiques, non des rêves dignes des meilleures fins de contes de fée. Ils nous ont aidés à fuir les soldats du château qui était à la recherche de Flynn.
Ô oui nous en avons vécu des aventures pour que je puisse réaliser mon rêve. Nous avons même failli mourir pour y parvenir, cet après-midi là bloqué dans ce trou qui se remplissait de plus en plus d'eau. Flynn enfin Eugène parce que oui il avait décidé de changer son identité pour devenir Flynn Ryder le voleur hors pair, m'avoua sa vrai identité persuadé que nous allions mourir noyer. Dans la pression et la peur j'en avais même oubliées les pouvoirs de ma chevelure. Ce n'est qu'après sa révélation que j'étais également passée aux aveux. J'avais des cheveux qui s'illuminaient quand je chantais. Une révélation que mon compatriote n'accueilli pas sérieusement, mais qui me fit réaliser que nous n'allions pas mourir. Ni une ni deux, je chantais et ma chevelure brune s'illumina et nous montra la sortie. Quelle aventure croyez-moi !
Le reste de notre excursion se fit plus calme, ma mère nous avait retrouvées. Elle avait tenté de me faire revenir avec elle, mais je ne pu m'y résoudre. J'avais goûté à la liberté et je ne voulais plus la quitter. Aussi elle me rendit la sacoche dans laquelle se trouvait l'objet de la fidélité de Flynn. Intelligente ma mère me demanda de rendre la sacoche à Flynn et ainsi je verrais son vrai visage. Mais je ne pu le faire. J'vais trop peur. Trop peur qu'elle ait raison, trop peur qu'il prenne ses jambes à son cou comme il l'avait si souvent fait par le passé. Alors, je l'ai dissimulé jusqu'à ce qu'il me mène au château du roi. Je me rappelle de mon émerveillement lorsque j'avais découvert la beauté de ces lieux. Mon incompréhension devant le portrait du roi et de la reine tenant dans leur bras la princesse disparue. Là-bas je m'étais fait tresser ma chevelure par des petites filles qui une fois la tâche achevée étaient éreintées. J'avais dansé, ri avec des inconnues. J'étais vivante. Je connaissais enfin le goût de la vraie vie. Et j'étais en train de succomber involontairement aux charmes du voleur.
La soirée fatidique arriva enfin. Mon rêve prenait enfin une réalité. Cette dernière dépassée mes espérances, tout était si beau. J'aimais tellement cette vision. Tout était parfait. C'est cette nuit là où je me suis aperçue que j'étais tombée amoureuse de lui. Ce sentiment que je ressentais été le même que dans mes livres en plus déroutant. J'y ai cru. Je l'ai cru. Je l'ai cru quand il insinuait qu'il m'aimait. J'étais si naïve. Bercée par ce sentiment d'amour j'y ai rendu sa sacoche. Quelle sotte ! Nous allions nous embrasser, enfin c'est ce que je pensais. Mais il a trouvé une excuse pour revenir sur la rive. J'aurais dû comprendre, mais j'y ai fait confiance. Je l'ai attendu sur la barque, lui adressant avec tendresse : « Je vous attends ici ». Il a vraiment dû se rire de moi en me voyant ainsi confiante, parce qu'il n'est jamais revenu. Non il m'a laissé là. Il m'a abandonné à deux hommes qui n'en avaient qu'après mes cheveux. En cet instant je l'ai maudit. Mon cœur était brisé, il l'avait piétiné et ce fut pire en le voyant s'éloigner sur son bateau. Il était un goujat. Il avait volé mon cœur et l'avait ensuite écrasé sans ménagement.
J'ai essayé de les fuir. J'ai vraiment essayé, mais mon chagrin m'empêchait de penser clairement, ma tresse se coinça dans un obstacle. J'étais prise au piège. Terrorisée. Forte-heureusement ma mère me sauva en les assommant. En quelques secondes, j’étais redevenue la jeune fille docile et qui avait besoin de sa mère. Elle avait eu raison, Flynn ne m’aimait pas alors si elle avait eu raison sur ce point là elle avait raison sur le reste.
Voilà comment j’ai retrouvé ma tour, ma mère se hâta de m’enlever toutes mes fleurs et de défaire mes tresses, avant de m’apprendre qu’elle allait me faire un bon petit plat pour me réconforter. Ca partait d’une bonne intention. Alors qu’elle me laissait seule, sur mon lit, je sentais un drapeau sortir de ma poche. Ma première réaction fut de pleurer en le serrant contre mon cœur. Puis, je l’avais regardé longuement, le symbole de la famille royale. C’est comme ca que j’ai compris le fin mot de l’histoire. Le portrait de la reine et du roi tout deux portant deux petites filles. Les histoires que l’on m’avait contées les concernant. Les princesses disparues voilà comment on les appelait. Et ce symbole qui revenait en boucle dans mes peintures, dissimulé comme si mon subconscient voulait me faire passer un message sans pour autant que Gotel le découvre. Sans réfléchir une seconde, je suis allée rejoindre ma mère gonflée par le courage et je lui ai posé la question qui me torturait l’esprit :
J’étais la princesse disparue ! Mais où était la seconde princesse ? En guise de réponse, Gotel montra son vrai visage, à des lieux de l’attitude rassurante et bienveillante qu’elle avait adopté jusqu’ici. En un claquement de doigts je me retrouvais menotté et attaché contre le mur, bâillonné comme une esclave. C’est ç cet instant précis que j’avais réglé mon Oedipe.