Lendemain difficile

JULIETTE

Parler de notre royaume me faisait du bien. Tant de personne se méprenait sur le pays des merveilles, tout le monde le croyait horrible à cause de Cora et de la réputation qu’elle avait mais de l’autre côté du labyrinthe là où aucune carte sur patte patrouillait c’était magique et majestueux. Un royaume à notre image, à noter que c’est les mages qui disent cela pas moi pour me jeter des fleurs. Enfin bref, je tentais de lui donner une bonne image de notre royaume bien qu’aucune description puisse être assez précise et fidèle pour le retranscrire à la perfection. Romain de son côté m’écoutait en mangeant sa pizza avec un air attentif. Je voyais bien qu’une chose le chagrinait mais je n’arrivais pas à savoir quoi. Je n’avais pas parlé des animaux qui parlaient, ni des chenilles géantes, encore moins les champignons ou encore mes aigles géants. J’avais quand même fait attention à ne pas trop ébranler son esprit cartésien.

Finalement il finissait par me livrait son interrogation et je fus surprise par cette dernière. Quelle question bien entendu qu’ils l’aimaient. Comment pouvait-il en être autrement. Je finissais d’avaler le bout de pizza que j’avais pris en cherchant son regard. Alors que je posais la part de pizza que j’avais en main dans sa boite ce dernier posa une autre question qui me mit à terre. Il avait donc retenu que ça. J’aurais mieux fait de ne pas y dire. Posant deux doigts sous son menton avec tendresse je le forçais à relever la tête avant de répondre :

« Notre peuple t’aime. Ils t’idolâtrent même, quand tu as disparu ils ont été dévastés. La moitié de notre armée a immédiatement commencé à se déployer aux quatre coins des terres quand je suis revenue sans toi. Ils n’ont pas attendu que j’en donne l’ordre. L’autre moitié gardait les terres et les mages espéraient que je ne craque pas et je ne mette pas le royaume à feu et à sang en perdant le contrôle de ma magie… »

Lui souriant assez tristement, je devais l’avouer, ce souvenir n’étant pas un des plus joyeux que je possédais, je poursuivais :

« Ils n’ont pas essayé de te remplacer. Tu crois quoi que je suis partie me battre toute seule contre les armées ennemis avec mes aigles ? Je sais que je suis puissante mais de là à décimer à moi toute seule une armée de plusieurs centaines d’hommes c’est un peu trop. »

Je laissais échapper un léger rire avant de continuer :

« Ils se sont battus avec moi pendant des années, pas uniquement pour me protéger ou parce qu’ils en avaient reçu l’ordre. Ils se battaient pour toi. Ils ont commencé à te chercher un remplaçant uniquement lorsque les combats se sont trop rapprochés et surtout le jour où j’ai failli y laisser ma vie. Cette fois-là avait été celle de trop. Ils ne voulaient plus prendre de risque, mais ils ne te cherchaient pas un remplaçant de gaité de cœur. »

Sans compter qu’ils savaient comment j’allais les recevoir, mais je me gardais bien de le dire. Il n’avait pas besoin de savoir ça. Il en savait largement assez.
La discussion dériva vers un sujet plus léger concernant son placard et le fait qu’il était à moi et je souriais avant de l’embrasser tendrement :

« Je crois que tu ne sais pas à quel point c’est dangereux de me dire ça »

Je riais légèrement et déposais un nouveau baiser sur ses lèvres :

« Merci »

M’humectant les lèvres, je reprenais la part que j’avais commencé et reposé un peu plus tôt pour la finir avant qu’il retourne sur le sujet de discussion que l’inquiétait. Je redoutais la dispute à ce sujet.

« Tu es perçu comme étant un roi bon et généreux. Ils apprécient ton implication dans ta mission et on confiance en ton jugement. Ils ont passé vingt-huit ans à t’attendre. Même si je dois t’avouer qu’une grande partie d’eux te crois mort, et pense que je suis folle d’être partie dans cette ville pour chercher un fantôme. Ils se trompent, mais ce n’est pas leur faute, c’est long vingt-huit ans Romain … »

Baissant les yeux, je laissais échapper un soupir avant de poursuivre :

« Je ne peux pas te dire si tu as des raisons pour y retourner. Il n’y a que toi qui est capable de répondre à cette question. Tu as une vie ici, des habitudes, des amis, … Il n’y a que toi qui peux répondre à ça en ton âme et conscience. »

Le choix devait être draconien je le reconnaissais. Je n’aurais pas aimé le prendre. Il avait son travail, ses habitudes, ses amis même son amante. Cette pensée me fit détourner les yeux, je ne devais pas recommencer avec ça. Je ne voulais pas rallumer une dispute.

ROMEO

Je l'écoutais me raconter ce que mon peuple avait fait pour moi et ça gonflait mon cœur de joie jusqu'à la seconde partie de son discours où elle m'avoua qu'ils avaient tout simplement perdu espoir et qu'ils m'avaient effectivement bien cherché un remplaçant. Même si je pouvais les comprendre je ne voulais pas l'accepter. En plus pour le coup, je ne relevais même pas qu'elle avait failli perdre la vie. J'étais juste déçu.

« Mais ils ont perdu espoir et m'ont abandonné. »

C'était la finalité de cette histoire au fond. Ils m'avaient abandonné quand ils avaient cessé de croire que je pouvais être en vie. C'était un constat très dur à admettre pour moi qui m'était toujours imaginé au service de la communauté. Je me sentais trahi et humilié aussi. Ils avaient pris la décision de me railler de leur vie. Alors pourquoi ne pourrais-je pas prendre la même décision ?

Juliette détourna mon attention quand elle me parla de mes vêtements. Je voulais bien tout lui donner. De toutes les façons je pourrai toujours aller en acheter d'autre si jamais elle en prenait trop mais vu sa taille de guêpe je doutais qu'elle puisse porter l'ensemble de mes vêtements.

Malgré toute la légèreté de cette conversation je ne pouvais pas m'empêcher de revenir au sujet qui m'inquiétait le plus. Au fond j'avais toujours eu peur de ne pas être à la hauteur ou qu'on m'oublie parce que c'était ce que mes parents m'avaient toujours dit. J'avais vécu dans l'absence d'un père qui était mort beaucoup trop tôt et par une mère qui par moment était beaucoup trop protectrice puis totalement indifférente. Même si je ne m'en souvenais plus, je sentais que j'avais toujours cette fracture en moi et quand Juliette évoqua les vingt huit ans passés je ne pus retenir un soupire franc et légèrement désespéré.

« Je ne veux plus en parler. »

Je n'avais pas dit cela méchamment c'était juste que c'était très dur à entendre. Vingt huit ans. C'était long oui. J'avais passé vingt huit sans sans savoir qui j'étais et maintenant c'était limite un reproche. Oui je savais que je n'avais pas été là et ça m'angoissait déjà assez qu'on m'ait remplacé alors... Si ça se trouvait elle avait repris un mari ou pire elle avait eu un mari était tombée veuve et elle avait eu des enfants avec cet homme... Oui je délirais mais je me sentais comme une bête acculée.

« Je sais que je veux être avec toi. L'endroit m'importe peu. »

Même si pour le moment je ne voulais clairement pas remettre les pieds dans un pays qui avait tout simplement pris la décision de me rayer de leur vie sans être sûr que j'étais bien mort. Je sentais ma mâchoire se contraster face au constat et d'un coup j'enroulais mes bras autour de la taille de Juliette et je la serrai fort dans mes bras. Je posais mon front sur son épaule et je ne compris pas pourquoi mais je me mis à pleurer contre son épaule. Je me sentais triste et affreusement seul tout à coup comme si je venais de perdre une partie de mon âme en constatant que pendant vingt huit je n'avais été personne.

JULIETTE
La conclusion de mon mari sur le fait que notre peuple avait perdu espoir et l’avait abandonné me brisa le cœur. Je voulais répliquer, lui dire qu’il se trompait mais il avait en partie vrai. Ils avaient fini par lâcher l’affaire et comment leur en vouloir ? Vingt-huit ans à chercher un fantôme c’était long, plus qu’il ne pouvait l’imaginer. J’avais parfois perdu espoir, jamais longtemps, et pour cause dès que j’osais me laisser aller à la négativité, les ténèbres me saisissaient et les enfers se déchainaient autour de moi. Vivre sans lui me plongeais dans les ténèbres alors je n’avais pas d’autres choix que de choisir de continuer à cultiver l’espoir qu’il soit quelque part. J’avais fini par avoir raison. Malgré les reproches et les disputes qui s’étaient soldées par une prise de pouvoir et une obligation à mon peuple de se soumettre et de se taire, j’avais la preuve que j’avais eu raison. Je connaissais assez mon mari pour savoir que tous fusaient à des centaines de kilomètres heures dans sa tête. Mon esprit était partagé, oui notre peuple avait merdé, mais je pouvais les comprendre, et d’un autre côté j’étais enragée à l’idée qu’ils n’aient pas cru un peu plus en ma parole. Les voir me regarder comme si j’étais folle m’avait aussi beaucoup affecté. Je me doutais que s’était cette même souffrance qui l’animaient et j’étais assez prise au dépourvu. Je ne savais pas quoi dire ou faire pour la diminuer, aussi une part de moi était rassurée quand il décréta qu’il ne voulait plus en parler. Quel était bonne l’idée ! La fuite n’était pas tellement une solution pérenne surtout avec nous, a un moment ou à un autre ça nous retombait à la gueule et là c’était trop tard, mais tant pis. Ça me donnera au moins le temps de cogiter correctement à ce que je pourrais dire pour essayer de le réconforter.
A défaut d’avoir les bons mots, je me contentais d’être douce avec lui avant de sourire face à sa conclusion.

« Ça tombe bien je veux la même chose »

Décrétais-je avec un sourire aimant, je me gardais bien de dire qu’en ce qui me concernait mon lieu de destination favori serait notre royaume. Il avait pas besoin que j’en rajoute une tartine, d’ailleurs avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit je le sentais se tendre de tout son long. Sa mâchoire se serra et je redoutais le pire, sans comprendre pourquoi d’un coup il était en colère. Oui j’étais loin de me douter qu’il ferait une chose que je l’avais vu faire qu’une seule fois et encore je l’avais juste surpris en douce quand il croyait que je dormais quelques jours après qu’il m’eut sorti de mon enfer. Il pleurait. Il pleurait en serrant mon corps son visage contre mon épaule. Je mis quelques secondes avant que tous mes neurones se captent, heureusement mon corps avaient lui était plus rapide et mes bras le serraient. Mon visage était chatouillé par sa tignasse rousse que j’embrassais tendrement tout en le réconfortant avec quelques caresses :

« Chut … je suis désolée mon amour »

Je n’aurais pas dû lui dire qu’une grosse partie de notre peuple le croyait mort. J’avais voulu jouer la carte de l’honnêteté résultat il était malheureux. Le voir ainsi à cause des réactions de notre peuple me mettait en colère. Je choisissais de le réconforter avec des caresses, je connaissais ses points sensibles, et je m’appliquais à lui montrer que j’étais là.

« Je t’aime, on ne sera plus jamais séparé, c’est juré, ça va aller mon amour ! »

C’était les seuls mots que je parvenais à prononcer, que je l’aimais et que tout allait aller mieux. Je restais contre lui à le caresser et lui murmurer des mots doux jusqu’à ce qu’il se calme et que ses sanglots se tarissent. J’attendais une minute avant de reprendre la parole pour murmurer avec tendresse :

« Tu viens avec moi sous la douche ? Ça nous fera du bien »

Ca j’en étais certaine, et je devais avouer que je n’avais pas envie de le laisser seule de peur qu’il se remette à pleurer et que je ne sois plus là pour le réconforter.

ROMEO

J'avais beau être une montagne de muscles parfois j'avais des faiblesses. Je ne m'en souvenais plus mais j'avais été faible trois fois dans ma vie tout en comptant cette fois-là.

La première fois c'était quand j'avais retrouvé Juliette. Je l'avais sauvé du bordel et... Elle n'était plus ma Juliette. Elle n'était plus ma femme elle avait perdue toute sa bonté. Elle n'était qu'un animal blessé et je ne savais pas comment je pouvais faire pour la sauver de ses propres démons. J'avais pleuré cette fois-ci. J'avais pleuré plusieurs fois durant cette période. J'avais pleuré parce que je n'avais pas su LA protéger.

La deuxième fois c'était à la perte de notre bébé. J'avais pleuré autant pour notre fils que pour ma femme qui était au bord de la folie. Je n'avais là encore pas trouvé comment faire pour les sauver. J'avais enterré notre fils seul et ma femme était partie en criant vengeance. J'avais pleuré parce que je n'avais pas su LES protéger.

La troisième fois.... C'était plus étrange. Je ne savais pas du tout pourquoi je pleurais. Je pleurais juste parce que je ne pouvais pas faire autrement. J'avais mal au cœur. J'avais l'impression que j'avais perdu une partie de mon âme. J'avais l'impression que quoi qu'elle me dirait je ne pourrais pas le supporter. Mon peuple m'avait tourné le dos et ça me faisait mal au cœur. Je n'avais pas été assez bon avec eux pour qu'ils m'oublient ? Je n'avais pas été un bon roi pour qu'ils veuillent me remplacer ? Oui ils m'avaient cherché mais ils avaient abandonné. Ça me tuait. J'avais l'impression que mon cerveau allait exploser. Alors je pleurais. Oui je pleurais tout simplement. J'avais mon nez dans le cou de mon épouse et je la serrais fort contre moi. Je me laissais aller contre elle, ne retenant pour une fois pas mes larmes. J'étais comme un gamin à qui on venait de dire qu'il n'avait jamais été à la hauteur.

Quand je finis par me calmer je l'entendais me dire qu'il serait bien qu'on aille prendre une douche. J'étais vidé. Peut être qu'une douche pourrait m'aider effectivement.

« D'accord. »

Je me levais en la faisant doucement de mes genoux. Je me dirigeais, les yeux dans le vide jusqu'à la salle de bain. Je me déshabillais et j'entrais dans la douche. J'ouvrai l'eau chaude et l'eau froide pour trouver la bonne température puis je laissais l'eau couler sur ma peau sans bouger.

« J'ai l'impression qu'on m'a retiré un partie de mon âme. Je venais juste d'accepter que javais une femme, que j'étais roi et qu'il y avait du monde qui... était censé compter sur moi. »

C'était un constat dur à faire. Je fermais les yeux. Si seulement je pouvais oublier un peu cette histoire. Juste pour retrouver le sourire. Juste pour que ma femme ne puisse plus me voir aussi faible.

JULIETTE

Je détestais le voir ainsi. Je détestais le voir souffrir et être complètement impuissante face à sa détresse. Je n’aurais pas dû lui dire. J’aurais simplement dû me taire et le lui dire uniquement ce qui lui aurait fait du bien de l’entendre. Je faisais de mon mieux pour le consoler mais je n’étais pas capable d’atténuer sa peine ce qui me rendait dingue. Après plusieurs minutes, il finissait par se calmer. Ses larmes se calmèrent, mais ma colère envers les personnes responsables de son malheur ne parvenait pas à s’apaiser. Je leur en voulais. Je leur en voulais de ne pas m’avoir cru et d’avoir choisi de me voir comme une folle que comme étant celle qui détenait la vérité.
Quand j’eus compris qu’il s’était calmé, je lui proposais d’aller se doucher ensemble, notamment parce qu’un peu d’eau chaude pourrit lui faire du bien, mais surtout parce que je ne voulais pas le laisser seul, même le temps d’une douche. Il accepta et je souriais en le laissant me reposer à terre. Tel un zombie, il se mouvait jusqu’à la salle de bain et je le suivais inquiète. Il se déshabilla et malgré la situation des plus tragique, je ne pus m’empêcher de le mâter avant de moi-même me déshabiller pendant qu’il réglait l’eau et qu’il s’y glissait dessous. Pour la première fois de la journée je croisais mon reflet dans le miroir et j’avais honte de ma chevelure. Un réel carnage, songeais-je avant de rentrer dans la douche avec lui.
Dès que je fus derrière lui, il s’exprima à nouveau et je sentais mon visage se décomposer. Heureusement il me tournait le dos. L’enlaçant j’embrassais son dos en fermant les yeux tout en laissant mes mains caresser ses abdos avant de trouver place sur ses hanches :

« Je suis désolée Romain. Je n’aurais pas dû te le dire, … Je ne voulais pas te faire souffrir. »

Une fois de plus j’embrassais son dos avant de poser mon front sur ce dernier pour ajouter :

« Le jour où j’ai appris qu’Alice était la cible d’une prophétie où l’issue menait à un combat à mort, j’ai été prise d‘une puissante crise de panique. Ce jour-là, après m’avoir ramené tu m’as dit que s’il le fallait pour que j’arrête de penser à ça et qu’Alice soit en sécurité, nous pouvions partir. Partir loin de Wonderland dans une nouvelle contrée où personne ne nous connaissait. »

M’humectant les lèvres, je marquais une légère pause avant de poursuivre :

« Tu m’as dit ce jour-là que rien ne t’importait plus que moi. Tu avais choisi d’arrêter de gouverner alors que tu aimais cela pour moi si je te le demandais. J’ai refusé de partir, mais en me disant cela tu avais apaisé mon esprit et mon âme. »

L’embrassant une fois de plus je libérais ses hanches pour caresser ses muscles :

« Je t’aime plus que notre royaume. Tout ce qui m’importe c’est toi, si tu me le demandes je tournais le dos à ma couronne. Je pensais ce que je t’avais dit tout à l’heure quand je t’ai dit que je voulais être avec toi, peu importe le lieu. Je t’aime, je sais que ça ne répare pas la souffrance que tu ressens mais je t’aime.

ROMEO

C'était une situation difficile pour moi. Visiblement je souffrais d'un sentiment d'infériorité que je ne soupçonnais pas aussi important. Malgré tout elle procédait bien pour m'apaiser. Je me sentais un peu plus rassuré et un peu plus prêt à accepter la réalité.

« Ce n'est pas toi qui me fait souffrir Juliette... Toi tu m'as cherché. »

Je prenais ses mains et je les serrais fortement dans les miennes. Elle était là encore une fois à me rassurer et ça me faisait plaisir autant que ça pouvait m'humilier. Pourtant je n'aurai pas voulu que ça se passe autrement. Je l'écoutais me parler, j'enregistrai tout ce qu'elle me disait. Je voulais me souvenir de chaque mot. Tout était important dans ce moment. Je fermais les yeux et je prenais une grande inspiration. Lorsque je rouvrais les yeux j'avais repris le dessus. Mon calme légendaire avait refait surface.

« Je t'aime aussi mon amour. »

C'était une réalité. La seule à laquelle je devais me raccrocher.

« Merci de m'avoir dit tout ça. »

Elle m'avait apaisé un peu. Je redressais mes épaules et je me tournais vers elle. Je sentais toujours ses mains dans mon dos. Je lui souriais. Elle avait réussi.

« Je comprends aujourd'hui pourquoi je suis tombé amoureux de toi. »

Je passais mes mains sur son visage et je prenais sa main pour l'approcher de moi. Je croyais ne plus pouvoir la lâcher. J'avais envie de lui dire de s'installer avec moi et de ne plus jamais partir. J'avais envie de lui dire que je la voulais elle et aucune autre mais je me retenais. Je ne pouvais pas lui dire cela sans savoir totalement. Je voyais à ses yeux qu'elle m'aimait plus que tout au monde et j'avais une unique peur : la briser. Malgré tout je ne pus m'empêcher de lui faire un aveux.

« Je n'ai peut être plus mon cœur... Mais je retombe amoureux je crois. »

Je me penchais alors vers elle et je l'embrassais avec une extrême tendresse. Je la serrai dans mes bras tendrement ne souhaitant en aucun cas la lâcher. C'était étrange. Retomber amoureux. Surtout quand on ne se souvenait pas de comment on était tombé amoureux la première fois.

JULIETTE

Le voir ainsi était dur à supporter. Je détestais cela. J’étais en colère. J’étais en colère contre mon peuple. J’étais en colère qu’il n’ait pas cru assez en moi pour me suivre dans ma quête. Ils auraient dû me suivre, j’étais leur reine, ils auraient dû me suivre n’importe où sans poser de question. Ça n’avait pas été le cas et maintenant Roméo en souffrait. C’était une des seules séquelles qu’il avait emportées avec lui en sortant du bagne. J’avais rarement eu l’occasion de le voir ainsi. Il se contrôlait toujours.

« C’était impossible que je fasse quoi que ce soit d’autre, sans toi je ne suis rien. »

Il me prenait les mains et les joignait entre elles en le serrant contre les siennes. Il les serrait fort sans pour autant me faire mal. Je lui parlais calmement. J’exposais les faits, j’essayais de lui faire comprendre que quoi qu’il puisse en penser j’étais là. Je voulais qu’il comprenne et aussi qu’il arrête de se répéter mes mots en long en large et en travers. Sa respiration finissait par reprendre son rythme normal et je sentais mes épaules se détendre. Il ajoutait qu’il m’aimait et je souriais, entendre ses mots me rassurait, surtout après les montagnes russes que nous avions traversées. Dans une même lignée, après quelques secondes de silence, il me remercia pour lui avoir fait mon laïus sur une de mes nombreuses pertes de contrôle. Il se retourna et je gardais mon emprise qui était désormais dans son dos. Lui rendant son sourire, je sentais ma gorge se nouer. Il n’aurait rien pu me dire de plus beau que ça. Il caressa mon visage et je souriais, en retenant mes larmes s’était pas le moment que je me mette à pleurer. Il m’embrassa après avoir avoué qu’il pensait retomber amoureux de moi, et je lui rendais son baiser tout sourire.

« J’aime bien ce genre de croyance »

Notais-je tout en lui caressant le visage. Laissant échapper un soupir, je m’humectais les lèvres avant de replacer les mèches de ses cheveux qui lui tombaient sur le visage à cause de l’eau.

« Tu veux que je te dise un secret ? »

Le regard avec un air candide, je souriais comme l’enfant qui était souvent endormi mais qui se réveillait régulièrement quand j’étais heureuse. Montant sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille je murmurais :

« Je crois que je commence à retomber amoureuse de toi moi-aussi »

Déposant un baiser dans son cou, je redescendais sur mes appuis, et prenais le gel douche en main et commençais à le laver avec application. C’était étrange à dire. Il ne m’avait jamais autant fait souffrir que depuis ses derniers mois et pourtant je l’aimais toujours. La veille il m’avait brisé le cœur et pourtant je n’avais de cesse de retomber dans ses bras. Cette peur que j’eusse toujours ressentie ne me quittait jamais. J’avais peur, peur qu’un jour il ne s’aperçoive qu’il pouvait trouver largement mieux que moi.

« Il y a d’autres choses que tu voulais me demander ? »

ROMEO

Même si j’avais encore le cœur en peine par les révélations que Juliette m’avait fait, je ne pouvais pas me laisser aller. Je devais surtout me ressaisir comme je l’avais toujours fait. Je faisais un petit sourire à la jeune femme que je tenais dans mes bras.

« Oui dis moi. »

J’aimais voir ce petit sourire sur son visage et cette lumière dans ses yeux. Je souriais légèrement. Elle me rendait mon sourire. Elle m’avait dit qu’elle retombait amoureuse de moi. Je me sentais bien quand elle me dit cela. A sa demande je répondais :

« Non. »

C’était franc. Je n’avais pas besoin d’en savoir plus. Je voulais profiter de cette nouvelle vie qui nous attendait. Je voulais profiter de la femme extraordinaire que j’avais prise pour épouse.

« Pour le moment je n’ai pas besoin d’en savoir plus. »

Je lui souriais avant de relever son visage vers moi pour l’embrasser tendrement. Je m’appliquais ensuite moi aussi à la laver. Je découvrais un aspect d’une relation amoureuse que j’aimais particulièrement. J’avais l’impression de retrouver une partie de mon âme avec elle. Une fois que nous fûmes lavés nous sortions et j’allais lui chercher des vêtements. Mon tee-shirt lui faisait une robe et je souriais en coin. C’était donc ça avoir une relation sérieuse avec quelqu’un ? Même si pendant vingt huit ans j’avais été en « couple » avec Neilina nous n’avions jamais partagé cela. Je la laissais dans la salle de bain pour aller dans mon bureau chercher mon appareil photo. J’avais envie qu’on ait une photo tous les deux. J’avais besoin d’en avoir une.

« Je peux te prendre en photo ? »

Je lui souriais. Je ne me souvenais plus que je ne partais jamais à la guerre sans un portrait de mon épouse avec moi. Je ne me souvenais de tout cela et pourtant je reproduisais les mêmes rituels avec elle.

JULIETTE

Le moment de la douche avait été agréable, et complètement inédit pour nous deux. Dans notre royaume l’eau courante n’était pas encore inventée. C’était d’ailleurs une des rares choses qui me manquerait. Je me félicitais d’ailleurs d’avoir dompter ma peur de cet endroit avant de l’avoir retrouvé. Déjà qu’il devait me prendre pour une folle, là ça aurait été pire. Heureusement, ce dernier ne voulait plus rien savoir, ce qui était en soi une bonne chose car cela signifiait que je n’avais pas besoin de m’inquiéter de sa réaction si je lui apprenais une chose qu’il ne digérerait pas. Le dernier coup en date m’avait suffi, il venait tout juste de s’en remettre. Nous nous séchâmes et il s’en alla dans sa chambre une serviette autour de la taille. Une fois de plus je le mâtais comme si c’était la première fois que je le voyais. Mordant ma lèvre par pur réflexe je me ressaisissais et me séchais les cheveux pour ne pas tout tremper avec ses derniers. Quand il revint avec plusieurs vêtements en main, je prenais le tee-shirt qu’il me tendait avec un léger sourire. Après avoir retiré la serviette de mon corps, je la posais sur l’évier avant d’enfiler le vêtement qu’il m’avait tendu.

Une fois habillée, je continuais de me sécher les cheveux, j’y étais presque venue à bout quand il revint avec un sourire franc. Riant à sa demande, je me retournais vers lui.

« Tu comptes aller sur le champ de bataille ? »

Lui souriant avec un air taquin, je me mordais la lèvre. Il ne s’en souvenait pas, mais je l’entendais encore ordonner aux meilleurs peintres du royaume et des environs pour qu’ils reproduisent mon portrait en version miniature qu’il puisse l’emporter partout. Je ne savais pas ce qu’il comptait faire de son cliché, mais s’il en voulait un je n’allais pas m’y opposer, aussi j’ajoutais :

« Oui, tu peux prendre une photo, mais comme ça ? Je veux dire après ma première gueule de bois dans ce monde ? »

Je posais la seconde serviette avec la première, en réunissant mes cheveux sur un seul et même côté dans l’optique de les tresser mais avant de tenter un nouveau carnage j’attendais sa réponse, sans arriver à m’arrêter de sourire. Malgré tout cette histoire finissait bien. J’avais failli tout faire capoter entre nous avec cette soirée de beuverie. J’étais heureuse que pour une fois nous réussissions à communiquer plus de deux heures sans que cela finisse en mélodrame.

ROMEO

Je voulais une photo d’elle. Je voulais pouvoir la regarder quand elle n’était pas là avec moi. Peut être que c’était ça tomber amoureux d’une personne mais en tout cas ça me plaisait énormément. Cependant j’étais surprise qu’elle me dise une chose pareil.

« Le champ de bataille ? »

Je ne comprenais pas ce qu’elle venait de me dire mais j’étais certain qu’elle allait me donner une explication rapidement. Elle semblait être capable de me raconter des tonnes d’histoire et ça me plaisait vraiment beaucoup. Je lui souriais qu’elle me demanda assez surprise si je voulais la prendre en photo comme ça.

« Oui tu es très belle comme ça au naturel. »

Je ne l’avais encore jamais vu aussi belle depuis qu’elle avait débarqué à Storybrooke. Je m’avançais vers elle pour lui voler un baiser puis je passais une main dans mes cheveux roux avant de me remettre dans la cadrant de la porte.

« On pourra en prendre une tout les deux aussi si tu veux bien… »

Comme ça je pourrai la mettre dans le salon ou même la mettre dans mon téléphone en la scannant pour la mettre dans mon téléphone. Comme ça j’aurai une partie de Juliette toujours avec moi.

« Et puis on pourra la mettre dans la maison pour quand tu voudras venir vivre ici… »

Et hop voilà comment on glisse une demande d’emménagement en façon détourné. Je lui souriais et je l’entrainais dans le salon. Je la faisais s’asseoir dans le canapé avant de la prendre en photo puis de faire une photo de nous deux. Mon appareil photo était un appareil photo instantané du coup la photo sortit immédiatement et je pouvais montrer le résultat à ma moitié.

« On est assez photogénique je trouve. »

Nous formions vraiment un beau couple. Je la prenais dans mes bras et je la câlinais.

« Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse cette après-midi ? »

Maintenant que je savais qu’elle resterait avec moi pour la journée je voulais trouver une activité pour qu’elle ne parte pas de chez moi. Je voulais la garder contre moi et pouvoir enfin accepter que je tombais amoureux d’elle et un peu plus chaque jour.

JULIETTE

Face à sa question je ne pouvais m’empêcher de sentir mon cœur se serrer malgré mon sourire.

« J’oublie parfois que tu ne te souviens pas de notre passé, mais tu as encore beaucoup de tes habitudes passées »

Je savais que je finirais par lui raconter ses caprices et comment il avait pu martyriser plus d’un peintre avec ses histoires de portrait miniature. Combien de temps est-ce que j’avais pu poser pour lui faire plaisir ? Dieu que j’avais détester ça, rester là sans bouge avec un sourire figé. Il fallait vraiment l’aider pour en arriver à ça. J’allais lui expliquer quand il me complimenta sur ma beauté au naturel. C’était la première fois qu’il me faisait un tel compliment, et je souriais comme une adolescente à croire qu’à ses côtés j’étais capable de prendre les mêmes manies qu’une enfant de quinze ans. C’était perturbant, vraiment perturbant. Ce dernier m’embrassa et je lui rendais en souriant. J’aimais quand c’était comme ça entre nous.

« Bien sûr tout ce que tu voudras faire avec ce truc, ça me va »

Déclarais-je en souriant. Je ne comprenais pas encore très bien comment cet appareil allait pouvoir remplacer un peintre en chair et en os, mais je lui faisais confiance. Ça ne serait pas notre premier cliché ensemble, mais visiblement dans ce monde pour un cliche il ne fallait pas plusieurs heures si ce n’est pas plusieurs jours selon la complexité de la commande. Tel un expert en herbe, Romain réédita son invitation pour que j’emménage avec lui et je me mordais la lèvre. J’avais envie de revivre avec lui, de dormir avec lui, de me réveiller avec lui, de tout faire à ses côtés, mais il m’avait rendu frileuse. On venait à peine de trouver un équilibre précaire depuis quelques heures, deux probablement. Je ne voulais pas emménager avec lui si cela signifier nous tuer. On devait réapprendre à se connaitre et à communiquer autrement que par le sexe. De peur de dire une chose maladroite, je ne répondais rien et me laissais mener sans pouvoir m’empêcher de sourire et de le bouffer du regard. Il prenait une photo sans que je m’en rendre compte directement et je sursautais légèrement au son qu’émettait l’appareil avant qu’il me rejoigne. Il prit une photo de nous et me montrait le résultat sur un petit papier carré. Ouvrant de grand yeux émerveillés je lui répondais :

« On est magnifique »

Oui je savais que ce n’était pas très impartial de ma part mais le cliché qu’il avait pris était beau. On n’avait jamais eu de portrait ainsi, en même temps des portraits dans ce type de tenue serait vite devenue désobligeant, mais qu’importe. Restant contre lui je lui caressais les muscles du bras du bout des doigts. Il demanda ce que je voulais faire et j’haussais les épaules :

« Pas sur que tu apprécierais que je me balade avec ce type de tenue »

Notais-je en rigolant, dans notre monde il m’avait fait des scènes uniquement parce que j’étais partie en cuisine avec uniquement une de ses chemises sur moi et elles étaient plus longues. L’embrassant tendrement, je demandais :

« Tu m’expliques comme ça marche ton appareil, tu peux te moquer mais j’ai du mal à comprendre comment il peut peindre un portrait si précis »

Regarde à nouveau la photo, on voyait jusqu’à son grain de beauté dans le cou. S’était étonnant et presque flippant d’ailleurs.

« Sinon faudra aussi qu’on range non ? Y a l’équivalent de deux repas sur ta table basse »

ROMEO

Je levais un sourcil. Juliette trouvait que j'avais encore des habitudes de mon passé même si je ne m'en souvenais plus... D'un côté ça me rassurait au moins je n'avais pas changé du tout au tout et c'était bien. Je lui souriais avant de la prendre dans mes bras et de l'embrasser tendrement.

« Ah oui ? Comme lesquelles ? »

Je voulais en savoir plus sur mon passé. Je voulais vraiment en savoir plus et pourtant d'un côté j'avais peur de ce que je voulais apprendre. Cependant, pour le moment j'avais une autre idée en tête et je voulais à tout prix prendre une photo d'elle. Je nous faisais prendre la pose avant d'appuyer sur le bouton et de lui montrer la photo. Je souriais en voyant son air ébahi.

« Oui nous sommes très photogéniques. »

Je souriais en l'entendant me parler de sa tenue. En effet je n'apprécierai pas qu'elle sorte ainsi vêtue dans la rue. Cela voulait dire qu'elle ne partirait pas de la maison aujourd'hui et ça m'arracha un sourire. Je l'embrassais sur la joue avant de réfléchir à comment lui expliquer la photographie. Pour moi c'était tellement normal que je ne savais pas comment lui expliquer.

« La photographie permet de capturer un instant précis. Dans le temps certaines personnes disaient que c’était comme capturer l’âme de la personne qu’on photographie. »

Je souriais. J'avais toujours aimé cette histoire.

« Je ne sais pas grand-chose ce le procédé… Ici c’est normal d’avoir un appareil photo chez soi. »

Je lui souriais puis j'ouvrais de grands yeux quand elle parlait de ranger la table. Non non non ! J'avais encore faim.

« Non non non…. J’ai encore faim. »

Je lui souriais avant d'attraper un morceau de pain et de le manger. Je la prenais ensuite dans mes bras et je respirais son odeur. Ça me faisait du bien, vraiment beaucoup de bien de l'avoir avec moi.

JULIETTE


Il voulait savoir quels étaient ses vieilles habitudes qu’il avait conservé malgré la malédiction. Il y en avait plus que ce qu’il croyait. Il le faisait différemment, certes, mais la raison pour laquelle il me faisait était similaire. J’allais lui répondre quand il s’afféra à me photographier seule, puis avec lui. Face à l’impression des photos je m’émerveillais en le questionnant sans pour autant quitter du regard se cliché de nous. Comme il le disait, nous étions très photogéniques, sans compter que sur ce cliché où il souriait en regardant l’objectif tandis que je le bouffais du regard en souriant, reflétait l’état de légèreté dans lequel nous baignions désormais. Sa réponse à ma question était légèrement vague, mais je souriais en me promettant de faire un peu plus de recherche pour satisfaire mon côté érudit. Sa métaphore, m’arracha un nouveau sourire tandis que je le regardais en ajoutant :

« Très jolie métaphore »

Après avoir rapidement lu l’heure sur l’horloge, je soumettais l’idée de ranger la table du salon qui portait le petit-déjeuner et le repas de midi à elle seule. Sa réaction me fit exploser de rire, il mangea un morceau de pain pour me prouver ses dires et je secouais la tête amusée sans m’arrêter de rire. Je restais dans ses bras avant d’y faire un baiser sur la joue :

« Ok j’oublie l’idée de ranger la table »

Je calais ma tête contre son pectoral en caressant son avant-bras avec tendresse avant d’ajouter :

« Tu m’as demandé ce que tu faisais avant et que tu continues à faire maintenant tout à l’heure. Il y en a beaucoup, même si désormais tu le fais avec une manière différente. »

Je souriais avant d’expliquer :

« À Wonderland, lorsque tu étais contraint de quitter le royaume pour plusieurs jours, ou tout bonnement pour défendre notre royaume, tu convoquais tous les peintres du royaume et ceux des environs pour qu’ils reproduisent mon portrait en version miniature pour que tu puisses l’emporter avec toi. »

Je l’entendais encore superviser les opérations. C’était souvent la même histoire te je savais que c’était uniquement parce qu’il n’aimait pas s’en aller. Ce n’était pas faute de vouloir le suivre, mais une femme n’allait pas sur le champ de bataille, encore moins la sienne. Combien de fois avais-je entendu cette remarque sexiste ? Continuant mes caresses, je revenais à l’instant présent pour continuer :

« C’est comme ce qu’on fait là, rester juste ensemble, rien que tous les deux sans personne pour nous interrompre. On le faisait régulièrement dans notre royaume. On s’enfermait dans nos quartiers et nos serviteurs venaient uniquement pour nous emmener des vives. Des journées où on était juste nous, plus deux souverains, on était juste nous, Roméo et Juliette.»

ROMEO

Juliette ne cessait de me dire que j'avais des habitudes passées et que ça pouvait la troubler. J'avais pourtant eu l'impression d'être un inconnu à ses yeux parfois. C'était étrange mais je voulais comprendre ce qui avait changé en moi. Je ne voulais pas redevenir totalement celui que j'étais avant mais je pouvais peut être gardé le meilleur des deux hommes que j'avais pu être pour un devenir un autre encore meilleur.

« Ah bon ? Comme quoi par exemple ? »

Je voulais en apprendre plus sur la personne que j'étais avant. Peut être qu'en écoutant Juliette des souvenirs me reviendraient ? Peut être que je me sentirais aussi moins seul. Même si Juliette était avec moi j'avais l'impression d'être seul. Personne ne pouvait comprendre ce que je vivais. Il fallait avoir perdu son coeur et ses souvenirs pour pouvoir comprendre et je ne connaissais personne qui était dans ce cas là. Peut être qu'au final il faudrait que je consulte un psy moi. Elle me dit que je voulais toujours avoir un portrait d'elle sur moi.

« C'est que je devais vouloir t'amener toujours avec moi. »

Je souriais. Ca me ressemblait bien en effet de vouloir cela. Je me retrouvais dans ce comportement. Elle me dit ensuite que nous passions souvent du temps rien qu'à deux. J'avais toujours trouvé important d'avoir des moments à deux dans un couple. Même Neilina n'avait pas pu y échapper et au fond je pensais qu'elle avait apprécié ces moments là. Je posais mon regard sur elle en souriant.

« Cela devait nous faire du bien de nous retrouver tout les deux. »

Oui ça ne pouvait de toutes les façons pas faire de mal. J'avais également la sensation que mon épouse n'avait pas l'habitude qu'on se dispute. Peut être que j'avais pris cette dernière en fréquentant Neilina. Je secouais légèrement ma tête avant de sourire à mon épouse.

« Je crois que c'est ça nous ferrait du bien de rester à deux aussi ici de temps en temps. »

Oui ça ne pouvait que nous aider à nous retrouver de toutes les façons. Je me mordais la lèvre inférieure avant de finir par lui demander :

" Est-ce qu'on se disputait beaucoup... Chez nous je veux dire. "

Je me posais cette question depuis notre première dispute. Visiblement Juliette pouvait provoquer des orages quant à moi je faisais trembler la terre... Notre royaume devait être en ruines si on faisait comme ici à Storybrooke.

Je racontais les similitudes entre les deux facettes de la personnalité de Roméo. Dans cette vie il était plus imprévisible, ça lui donnait un côté encore plus sexy. Naturellement, je ne lui disais pas cela. Je m’attelais à répondre à sa question. Pour une fois, je n’avais même pas peur qu’un de mes mots puisse se retourner contre moi. C’était de bon souvenir, des souvenirs auxquels je m’étais accrochés pendant vingt-huit ans. Des souvenirs qui me permettaient de continuer de sourire quand tout allait mal, des souvenir qu’il n’avait plus. Aussi j’évitais d’y penser. Ce n’était pas le moment de noircir un si bon tableau avec des vérités contre lesquelles je ne pouvais rien faire à l’heure actuelle. Alors je me décidais à lui raconter sa craquante habitude de torturer les peintres du royaume et des alentours pour la confection d’un de mes portraits. Une fois mon histoire racontée, je souriais à sa remarque avant de murmure :

« Oui c’était ton argument pour me faire rester gentiment assise sur le sofa pour poser face aux peintres »

Combien de fois avais-je eu envie de l’étrangler quand il leur demandait de recommencer. Après toutes ses heures à sécher devant les peintres j’avais plus d’une fois ajouter qu’il fallait être dingue de son mari pour supporter un tel supplice. Je détestais rester là à rien faire, sans compter que je soupçonnais mon tendre époux de profiter de ce moment pour me garder à sa portée et en sécurité bien sur terre. Souriant une fois de plus je laissais échapper un léger soupir.

Passant à la seconde histoire sur ce qu’il n’avait pas changé, je lui racontais brièvement que nous aimions bien lézarder dans nos quartiers. Juste nous deux sans nos titres et nos responsabilités. Levant les yeux vers lui quand je me sentais observée je lui rendais son sourire.

« Oh oui, c’était les meilleurs jours qu’on pouvait s’offrir. »

Répondais-je en jouant avec ses doigts et notamment là où il y aurait dû avoir son alliance s’il n’avait pas été au bagne. Une alliance que nous avions tous les deux portés en tout et pour tous trois jours avant qu’on nous la retire pour faire de nous des esclaves. Chacun d’une manière différente mais avec ce même objectif : nous punir d’être tombé amoureux l’un de l’autre.

« C’est une très bonne suggestion, je peux qu’approuver »

Répondais-je en souriant avec de déposer un baiser sur ses lèvres. Il avait raison ici aussi nos moments de paix pouvait être bénéfique. Seulement je ne pouvais pas m’empêcher de craindre qu’avant chacun d’eux une dispute nous terrasse une fois de plus. J’étais tellement épuisée de me disputer avec lui. Visiblement, cette nouvelle habitude le perturbait aussi car il me demandait si dans notre royaume aussi on se disputait régulièrement. Me relevant je me retournais vers lui en secouant la tête en signe de négation :

« Non, on arrivait à mieux se comprendre. On avait des désaccords parfois, mais généralement on arrivait à les résoudre sans s’engueuler. Puis, si vraiment on n’y arrivait pas, on partait tous les deux bouder chacun dans un coin du château, et s’était malheureusement nos employés qui prenaient. Si je me souviens bien le plus longtemps qu’on est restée en froid c’était deux semaines, et pour une fois c’était même moi qui était venue secouer le drapeau blanc. »

Pour ne pas dire que je m’étais immiscée dans ses nouveaux quartiers en plein nuit pour m’excuser. Ça avait été une nuit merveilleuse. On avait toujours été doué pour les réconciliations, même dans ce monde-là.

« Malgré tout on n’a jamais été aussi cruel qu’on a pu l’être dans cette ville. »

Me mordant la lèvre inférieure je le regardais sans rien ajouter de plus. Il savait de quoi je parlais, nos comportements n’avaient pas été très exemplaire, chacun à des degrés différents, chacun de manière différente. Dans cette ville les moments de plénitude était toujours accompagné par le chaos et autant être honnête cette habitude était vraiment fatigante.

« D’ailleurs heureusement sinon nous aurions détruit notre royaume en un claquement de doigt »

Notais-je en souriant en tirant légèrement son tee-shirt sur mes cuisses histoire de ne pas le provoquer :

« Tu sais on n’est pas obligée de reproduire les mêmes habitudes que celle qu’on avait dans notre monde. On peut s’en créer de nouvelles, comme toi m’apprenant à devenir une femme convenable derrière un fourneau. Je pourrais même essayer de te cuisiner tes plats favoris, d’ailleurs c’est quoi ? »

ROMEO

J’apprenais que je lui faisais faire des portraits aussi quand je partais en guerre dans notre royaume. Cela me fit sourire. J’avais l’impression de comprendre ce qu’elle me disait sans pour autant l’assimiler et poyrtant je me doutais que bientôt je pourrais moi aussi tout comprendre.

« Tu ne le faisais pas juste parce que tu m'aimes ? »

Je trouvais son affirmation étrange mais je savais au fond de moi qu’elle le faisait parce qu’elle m’aimait. J’avais des comportements donc semblables à mon ancienne vie. Bien au moins je n’avais pas tout perdu c’était parfait. Elle m’expliqua ensuite qu’on arrivait à se réconcilier aussi dans notre autre monde bien étrange pour moi. Je prenais alors une résolution dont je doutais pouvoir tenir.

« Il faudrait qu'on arrête de se fâcher alors.... Je ne veux pas que tu crois que quand je te dis quelque chose c'est pour te faire du mal bien au contraire. J'essaie de comprendre qui j'étais et de redevenir cet homme pour que tu continues à m'aimer comme tu as l'air de m'aimer. »

Je n’avais jamais vu une femme avec un tel regard. Les yeux de Juliette ne pénétraient et je n’avais surtout pas envie qu’elle me regarde autrement. J’avais envie d’être le centre de son attention tout le temps comme aujourd’hui.

« Je ne veux pas perdre cet éclat dans tes yeux. »

Je posais mes doigts sur sa joue avant de sourire à sa question. Quel était mon plat préféré ? Il y en avait beaucoup trop mais celui que j’avais toujours envie de manger était le suivant :

« J'adore la blanquette de veau. »

Je souriais à Juliette avant qu’une idée ne me traverse l’esprit. Elle m’avait demandé ce qu’on pouvait bien faire plus tôt dans la matinée. Et puis j’avais une idée.

« Je peux t'apprendre à la faire si tu veux ? »

Je lui souriais avant de me lever du canapé et de lui prendre la main pour la conduire dans ma cuisine où je commençais par lui expliquer tout ce que je savais en cuisine. Enfin j’y allais doucement quand même parce que ma Juliette me semblait un peu perdue tout de même dans cet endroit qu’elle me qualifiait d’étrange. Pourtant je pouvais affirmer que cette journée là avec elle avait été la plus belle depuis mon arrivée ici à Storybrooke. Même les parties de jambes en l’air endiablées avec Neilina n’arrivait pas à la hauteur de la journée que m’offrait Juliette. Je me rendais compte que je l’aimais plus que tout au monde, plus que ma propre vie. C’était étrange et pourtant tellement jouissif comme sentiment.