JE NE SUIS PAS UN MONSTRE J'AI JUSTE ESSAYÉ DE SAUVER NOTRE PEAU
Mon nom est Médusa, oui Médusa, la Gorgone de la mythologie. Celle qui fut réputée pour avoir des serpents à la place des cheveux. Je devais l'avouer mon apparence n'avait rien de très attirante, mais je ne fus pas toujours ainsi. Vous ne connaissez que la dernière partie de mon histoire. Vous me connaissez uniquement sous mon enveloppe repoussante et terrifiante qui a fait plier plus d'un chevalier. Laissez-moi vous raconter la vraie toute l'histoire et peut-être qu'ainsi vous verrez que j'étais plus que la Gorgone qui pétrifiait les personnes qui croisaient mon regard sans la moindre once d'humanité.
Je naquis de l'union de deux divinités marines, Phorcys et Céto accompagnées par mes sœurs, Euryale et Sthéno. Contrairement à mes sœurs et également à mes parents, je n'étais point immortelle. De mon vivant je n'ai jamais envié l'immortalité de mes sœurs, bien que parfois j'admirais leur robustesse, elles n'étaient jamais malades, jamais fatiguées, ...
En réalité même si le temps avait un impact sur moi, je n'étais pas totalement dépourvue de spécificité. A dire vrai j'étais très belle, oui je me doute que cette nouvelle doit vous surprendre, mais croyez le où non je n'ai pas toujours eu des serpents à la place de mes cheveux. A l'origine j'avais des cheveux magnifiques, d'un brun profond et chaud qui contrastait souvent avec la blondeur de ceux de mes sœurs. Quant à mes yeux ils n'ont pas toujours été froid et terrifiant et encore moi semblable à ceux des serpents, ils étaient d'un vert envoûtant comme ceux de ma mère. Bref, j'avais une apparence humaine, j'étais désirable, gracieuse et avant que la colère et la rancœur ne vienne noircir mon âme j'étais également douce, naïve et légèrement peureuse.
Entourée de ma famille j'ai eu une enfance heureuse. J'ai grandi sans jamais manquer de rien protégée, aimée. Tout me promettait un avenir parfait. A l'orée de mes dix-huit ans, mon père tenta de nous mettre en garde, mes sœurs et moi de la cruauté des hommes. Je comprends désormais que c'était surtout pour moi qu'il avait usé tant d'énergie à nous parler de cela. Mais j'étais naïve, je voyais la vie sous son meilleur jour, je refusais de croire aux dires de mon père, le prenant pour un fou trop protecteur qui s'échinait à me mettre en garde pour me garder plus longtemps près de lui. Mais intérieurement j'avais toujours rêvée d'aventure. Ayant toujours été surprotégée je ne connaissais rien de la vie, la guerre, la colère, la haine, je ne l'avais jamais vécue. J'étais même persuadée que ces actes-là n'étaient que des mythes destinées à m'effrayer.
Je me trompais. J’ai appris à mes dépens que tout cela était réel. J’avais voulu croire en l’amour, j’ai cru Poséidon lorsqu’il me murmurait qu’il m’aimait. Tout cela était faux. Mes sœurs m’avaient bien prévenu de ne pas m’aventurer dans cette grotte. Elles avaient voulu prévenir notre père de mes envies. Cependant je les avais dissuadés de parler, je les avais manipulés en leur faisant croire que je resterais avec eux, que Poséidon n’avait aucun intérêt pour moi. Je ne sais pourquoi elles m’ont cru, ou si plus simplement elles m’ont un jour cru. Pourtant, elles gardèrent leur langue.
De mon côté, j’avais attendu que la nuit tombe et que Morphée embrasse ma famille pour m’échapper. J’avais couru jusqu’à en perdre haleine vers mon bien aimé. Je le jure en cet instant j’étais heureuse, je me sentais vivante. Je me suis offerte à lui dans le temple d’Athéna. Cette nuit-là avait été la plus belle de toute ma vie. J’avais vécu l’amour sous toutes ces formes. Alors que j’étais endormie dans les bras de mon amant, ce dernier m’abandonna. Avait-il eu l’intention de revenir avant mon réveil ou m’avait-il juste laisser-là fière d’avoir eu ce qu’il voulait de moi ? Je n’en saurais jamais rien.La seule chose que je sais c'est que ce fut mes soeurs qui me réveillèrent, réveillé en plein milieu de la nuit par des rêves étranges elles avaient remarqué mon absence et c'étaient lancées à ma recherche. En me voyant nu comme un vers, elles m'avaient recouverte d'une étoffe blanche qui gisait un peu plus loin dans le temple et ce fut à cet instant précis où la déesse de la guerre nous transformèrent en Gorgone. Vexée et en colère, elle nous enleva toute apparence humaine, nos cheveux furent remplacés par d'horrible serpent, de grandes ailes dorées poussèrent dans notre colonne vertébrale dans une douleur insupportable accompagnées par d'immense griffes de même couleur à la place de nos ongles. Quant à nos yeux, ils furent transformés par ceux des serpents, nous avions juste conservé nos couleurs d'origines soient bleus pour Euryale et Sthéno et vert pour moi. Si quelques heures plus tôt nous étions désirables il n'en était plus rien désormais. La déesse de la guerre, s'en était assurée. Jamais je n'avais éprouvée de telles douleurs de toute ma vie. Cette nuit-là j'avais exploré toutes les émotions passant de l'amour à la haine en quelques heures. Cette souffrance ne m'a jamais vraiment quitté, j'avais été blessé intérieurement, blessé dans mon corps et dans mon âme, j'avais abandonné toute joie et toute once d'amour pour me laisser porter par une haine viscérale et destructrice. Rapidement nous découvrîmes que lorsqu'une personne croisait mon regard il se retrouvait transformé en pierre pour l'éternité. Je dois l'avouer je n'ai jamais compris pourquoi la déesse de la guerre et de la sagesse (bien que je ne vois pas en quoi cette femme est sage) avait choisi de bannir mes soeurs de la même manière qu'elle l'avait fait avec moi. Elles n'y étaient pour rien, pourtant elles subirent avec autant de cruauté le gourou d'Athéna.
Bannies dans les terres les plus reculés du Maroc, mes soeurs tentèrent de trouver une solution tandis que je me laissais envahir par la noirceur d'Hadès. Ce dernier me susurrait ses pensées lorsque mes soeurs dormaient, il m'invitait à le rejoindre, il disait qu'ensemble nous pourrions nous venger sur tous les autres. J'avoue avoir souvent pensé que le rejoindre était une bonne idée, mais je me refusais à lui. C'était un homme et malgré tout ce que je pouvais bien revendiquer Poséidon régnait toujours en maître dans l'infime partie de mon coeur qui n'avait pas été rongé par la noirceur.
Après quelques années passées à nous battre contre milles et un chevalier qui se prenaient pour des dieux, mes sœurs perdirent l'espoir d'une quelconque rédemption. Pour ma part je n'y avais jamais cru. J'arpentais régulièrement, notre demeure me perdant dans le regard des Hommes que nous avions vaincus. Ils avaient tous la même expression sur leur visage : l'horreur, le dégoût, la peur.
J'étais persuadée que le reste de ma misérable vie allait être ainsi, rythmée par des combats perdus d'avance à broyer du noir.
Une nuit alors que nous dormions paisiblement, les unes contre les autres, seuls résidu de nos vies passées, Persée un nouveau demi-dieu entra dans notre demeure bien décidés à nous tuer. Une épreuve qui aurait pu se solder par un échec cuisant si ce dernier n'avait pas reçu un peu du soutien des dieux et notamment celui de mon ennemi jurée Athéna. Persée me coupa la tête dans mon sommeil pétrifiant mes soeurs avec ma tête, avant de remettre cette dernière à sa déesse.
De mon sang naquit les enfants que mon union avec Poséidon avait créé : Pégase et Chrysaor, mes fils. Oui, vous ne rêvez pas, je suis belle et bien la mère de Pégase, le cheval ailé. En ce qui concerne mon second fils, il était magnifique, du peu que j'ai pu le voir il me ressemblait, il était humain. Un magnifique bout d'homme qui avait pour seul particularité d'avoir une épée en or dans sa minuscule petite main. Ils furent la dernière chose que je vis avant de vivre un nouvel enfer au service de mon ennemie qui se servait de ma tête comme d'une arme. Si Pégase se livra au service de Zeus, mon deuxième fils lui semblait moins enclin à ce type de servitude. S'il m'était quelques fois permit de voir mes fils enfin surtout Pégase pour être honnête, je n'ai jamais pu leur parler. En réalité je n'ai jamais pu rien faire d'autre que les voir et encore si Athéna aurait pu l'éviter, je suis certaine qu'elle l'aurait fait.
Les siècles passèrent tous semblable les uns aux autres, la guerre rythmant mon quotidien, avant que ma rédemption vienne enfin se proposer à moi. Je ne sais par quel miracle cette dernière m'a été permise. Je me rappelle juste de cette discussion que j'avais eue avec Zeus. J'avais droit à une nouvelle chance, dans un autre monde, dans une autre vie, je serais dépourvue du souvenir de cette vie mais j'aurais tout de même droit à une nouvelle chance.
Une chance d'être heureuse et de vivre cette vie que l'on m'avait arrachée sans aucune pitié. J'avais accepté sans aucune hésitation et c'est ainsi que je l'Olympe me rendit ma liberté. Je ne sais ce que sont devenues mes soeurs, peut-être qu'elles aussi ont eu droit à une nouvelle vie, qui sait un jour je le saurais peut-être...
Tout commença à cause d'une fleur magique. Cette plante aux vertus rajeunissante, était la dernière de son espèce et seule une personne savait où elle était. Elle s'appelait Gotel et la fleur en question n'était autre que la Raiponse. Gotel l'avait préservé, gardé pour elle pendant toutes ses années, grâce à cette dernière elle restait éternellement jeune.
Un jour la reine fut gravement malade alors qu'elle attendait un nouveau né. Le roi ne pu accepter cela, la perte de sa femme et de son futur héritier aurait causé sa perte. Aussi il fit venir un grand nombre de mage et de médecin afin de les soigner. Ils s'accordèrent tous sur un même point, seule la raiponse pouvait la sauver. Une grande quête fut donc lancée dans tout le royaume à la recherche de la fleur magique.
Au bout de plusieurs semaines de recherche, ils la trouvèrent et la ramenèrent au château, on broya la fleur afin d'en faire un médicament que l'on fit ingurgité à la reine et qui la guérie. L'histoire aurait pu se terminer ainsi, mais le seul hic c'était Gotel. On lui avait dérobé sa fleur. Sans elle son vieillissement s'accélérait considérablement, toutes les années que lui avait fait gagner la Raiponse lui était reprise. Comment allait-elle faire ? Il n'existait nulle autre alternative dans le monde des contes.
La reine mit au monde une fille, qu'ils nommèrent Raiponse en hommage à la fleur qui les avait sauvés. Une magnifique petite fille aux cheveux aussi blonds que l'or et aux yeux aussi verts que l'émeraude. La beauté de la Raiponse se lisait en elle, quelques heures après sa naissance, la marraine de la princesse tenta de préserver la princesse. Elle jeta un enchantement qui fit disparaître la blondeur de sa chevelure afin de la remplacer par une couleur chocolat similaire à celle de la reine. Malheureusement, les rumeurs avaient déjà parcouru une grande partie du royaume, la blondeur des cheveux de la princesse avait attisé la curiosité d'un grand nombre de personne et pour cause le roi et la reine était brun. Les jaloux aimaient à penser que la reine avait un amant, mais qu'importe, Gotel avait eu vent des rumeurs. Elle compris immédiatement que ce phénomène était dû à la Raiponse.
Sans perdre une seconde, Gotel se hissait jusqu'à la chambre de la princesse tel un pirate envahissant un bâtiment. Croyez-moi pour une vielle dame elle se débrouillait particulièrement bien. Malgré une légère fatigue tout à fait compréhensible je vous laisse imaginer la tête de la sorcière en voyant les cheveux bruns du nouveau né. Elle crue un instant que les rumeurs étaient fausses, mais elle chanta quand même la chanson et le miracle se produit. Dès les premières paroles, la couleur chocolat fut remplacée par leur couleur d'origine, prodiguant au passage une nouvelle jeunesse à Gotel. Cette dernière profita de cet instant pour couper une mèche de cheveux au nourrisson, mais à peine avait elle fait cela que le doré disparu aussitôt pour reprendre leur couleur chocolat. Elle n'avait pas eu d'autre alternative, il lui restait plus qu'à voler l'enfant. Ah peine avait-elle sortie le nourrisson de son berceau que ce dernier se mit à brailler réveillant au passage quelques serviteurs du roi. Elle devait faire vite et c'est ce qu'elle fit. Elle parvint à emmener Raiponse dans la tour qu’elle avait construit grâce sa magie et l’enferma à son sommet.
Cette enfant dont je vous parle, c’est moi. Je suis la princesse disparue, mais je ne le saurais jamais
Le reste de mon enfance est tout à fait dénudé d'intérêt. Je suis restée dix-huit ans enfermée aux sommets de cette tour. Emprisonnée par celle que je pensais être ma mère. Contrairement à ce que l'on pourrait penser je l'aimais. J'aimais Gotel, je m'efforçais aussi de tout faire pour recevoir un peu d'amour en retour. Mais ce miracle n'eu jamais lieu, enfin s'il avait lieu une fois par jour, lorsque ma mère chantait sa chanson pour stimuler ma magie :
« Fleur aux pétales d'or
Répands ta magie
Inverse le temps
Rends-moi ce qu'il m'a pris
Guéris les blessures
Éloigne la pluie
Ce destin impure
Rends-moi ce qu'il m'a pris
Ce qu'il m'a pris »
Cette chanson résume toute mon enfance. Durant mes longues journées de solitude, je m'occupais en peignant, en cuisinant, en lisant, je faisais également de la poterie et du ménage, mais surtout je m'échinais à brosser la longue chevelure et croyez-moi, brosser des mètres de cheveux ça prend beaucoup beaucoup de temps. En somme j'étais la fille au foyer parfaite et certainement rêver par tous. Cloîtrée dans ma tour, je recevais tous les jours la visite de ma « mère ». Chaque jour, elle se hissait en haut de ma tour grâce à ma chevelure. Une tâche qui bizarrement j'adorais accomplir. Ah si le seul événement marquant de mon enfance fut le jour où je retrouvais un petit caméléon sur le rebord de ma fenêtre. Un caméléon que je nommais Pascal et que j'avais dissimulé à Gotel consciente qu'elle me l'aurait confisqué. Pascal était mon meilleur ami, mais jamais au grand jamais je ne m'étais doutée que Pascal était plus qu'un simple animal.
Ah et oui il y a aussi autre chose : chaque année le soir de mon anniversaire je vois de ma fenêtre des étoiles. Oui je sais vous allez dire que c'est normal, mais là ce n'est pas des étoiles comme les autres, elles reviennent uniquement pour mon anniversaire et elles sont plus brillantes que n'importe quel autre. J'aime à penser qu'elles sont pour moi et je rêve de pouvoir un jour les voir de plus près.
Ma vie était parfaitement platonique jusqu'à ce jour. Ma dix-huitième année approchait. Mon anniversaire, comme chaque année parce que oui un anniversaire ça se fête chaque année et je le répéterais aussi souvent qu'il le faudra ! Cette année serait différente des autres je l'avais décidé ! J'allais prendre mon courage à deux mains et parler à ma mère. Quelques jours avant la date fatidique j'ai parlé à ma mère. J'y ai demandé qu'elle m'emmène à la fête des étoiles. Une requête qu'elle accueillie mal, mais vraiment. Jamais je ne l'avais vu aussi en colère. Ce jour-là elle m'appris également ce que j'avais toujours su au fond de moi sans jamais vouloir vraiment me l'avouer : jamais au grand jamais je ne sortirais de cette tour dont je connaissais tous les recoins.
« Le monde est trop dangereux raiponse je fais ça pour toi ! » « Regarde toi raiponse tu ne tiendrais pas un jour en dehors de cette tour » Toujours le même refrain, trop faible, trop peureuse, qu'en savait-elle de quoi j'étais capable ! Hein je vous le demande ! Cette nuit qui avait précédé cette « merveilleuse » nouvelle avait été bercée par mes monologues/ Pascal lui semblait d'accord avec moi, j'étais tout à fait capable de me débrouiller à l'extérieur de la tour. Puis c'était juste à la fête des lanternes que je voulais y aller, pas dans un nouveau pays où ma mère ne connaissait rien ...
Lorsque j'avais ouvert les yeux le lendemain, je pensais que cette journée serait comme celle que j'avais habituellement, mais c'était sans compter sur Flynn Ryder. Ce voleur, assez séduisant et qu'il le sait, ce dernier avait décidé de monter se réfugier dans la tour suite à son vol de la couronne royale. Rien que ça. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il était très doué. Cependant, il aurait dû faire preuve de plus de discrétion si ce dernier aurait voulu me surprendre. Ma tour était tellement silencieuse que le moindre bruit était révélateur d'une présence. Ce n'était pas ma mère ; Ma mère me demandait de déployer mes longs cheveux pour que je la porte, sait-on jamais si elle se casse un ongle en tentant d'escalader comme le voleur le faisait. Guidée par mon instinct je courrais à la cuisine afin d'en sortir une poêle. Drôle d'arme ? J'en conviens, mais vous verrez elle est très efficace. Méfiez-vous des apparences c'est l'une des meilleures armes que l'on puisse posséder et pour cause.
J'en étais où moi ? Ah oui Alex Rider grimpait donc au sommet de ma tour, ce dernier ne devait pas se douter du danger qu'il courrait alors qu'il tentait d'échapper au cheval de la garde royale. A peine était-il entré dans ma demeure que je lui assaillais un coup de poêle. L'inconnu à terre, je ne vous cache pas l'immense fierté que j'avais. Après une légère discussion avec Pascal je pus constater que ce dernier avait des dents normales. Drôle de vérification ? Pas tellement quand on sait que ma très chère mère m'a toujours répété qu'à l'extérieur les hommes étaient monstrueux, avaient des dents pointues et allaient me prendre mes cheveux. Alors, riez autant que vous voudrez, mais oui j'ai vérifié les dents de l'inconnu.
Tout cela pour dire que j'avais eu assez de force pour le neutraliser, à mes yeux il serait la meilleure preuve que je n'étais pas aussi fragile que ce qu'aimait penser mère. Consciente que cette dernière viendrait bientôt me voir, je dissimulais le jeune homme dans mon placard. Une tâche qui fut plus complexe que prévu, mais une fois de plus j'ai vaincu ! J'ai réussi hahaha là elle pourrait plus refuser de me laisser partir. Elle allait s'excuser et nous nous réconcilierons et je pourrais aller à la fête des lumières avec ma mère.
Enfin ça c'était sans compter sur la délicatesse de ma très chère maman, qui se fit un plaisir de me rappeler que jamais je ne sortirais de cette tour et qu'elle ne voulait même plus m'entendre parler d'étoile. Tout était dit, je le savais je n'obtiendrais rien d'elle. Casse l'en tienne, j'irais sans elle ! Comme toujours je chantais la chanson, comme toujours ma mère gagnait en jeunesse. Afin de l'éloigner plusieurs jours je lui demandais d'aller me chercher de la peinture de coquillage. Une peinture qu'elle ne pouvait obtenir qu'après trois jours de voyage. Un détail que Gotel se fit un plaisir de me rappeler. Mais elle ne pu refuser. J'avais le champ libre. Après lui avoir préparé un petit panier de provision pour lui assurer la survie, elle s'en alla.
De mon côté j'emprisonnais le mystérieux garçon dans ma chevelure, bien décidé de découvrir ce qu'il me voulait. Après plusieurs longues minutes de discussion qui furent légèrement laborieuse et teintée d'un cynisme que le jeune homme ne tâchait pas de dissimuler. Il fini par accepter de me donner son aide. Bien entendu tout cela n'était pas gratuit. Une fois qu'il m'aurait emmené à ma dite fête, je devrais lui rendre la couronne royale qu'il avait volé et que je lui avais caché à son arrivée dans ma tour.
S'en suivi d'une longue et merveilleuse aventure. Bien entendu avant d'y parvenir il a fallu que je lutte contre mon sentiment de culpabilité et de l'excitation. Une tâche qui fut loin d'être aisée et qui avait fait naître un sentiment de victoire chez Flynn. Mais qu'importe, il pouvait bien rêver je n'abandonnerais pas en si bon chemin, même si un lapin essaye d'avoir ma peau.
Je le jure ! Ma désobéissance m'offrit tout ce dont j'ai toujours rêvé. Le bonheur. Le monde extérieur n'était pas aussi sombre que ce qu'avait bien voulu me faire croire ma mère. Même les briguant vers lesquelles Flynn m'avais mené. Contrairement aux apparences ces derniers avaient un coeur et des rêves. Mais pas des rêves sanglants et sadiques, non des rêves dignes des meilleures fins de contes de fée. Ils nous ont aidés à fuir les soldats du château qui était à la recherche de Flynn.
Oh oui nous en avons vécu des aventures pour que je puisse réaliser mon rêve. Nous avons même failli mourir pour y parvenir, cet après-midi là bloqué dans ce trou qui se remplissait de plus en plus d'eau. Flynn enfin Eugène parce que oui il avait décidé de changer son identité pour devenir Flynn Ryder le voleur hors pair, m'avoua sa vrai identitée persuadé que nous allions mourir noyer. Dans la pression et la peur j'en avais même oubliées les pouvoirs de ma chevelure. Ce n'est qu'après sa révélation que j'étais également passée aux aveux. J'avais des cheveux qui s'illuminaient quand je chantais. Une révélation que mon compatriote n'accueilli pas sérieusement, mais qui me fit réaliser que nous n'allions pas mourir. Ni une ni deux, je chantais et ma chevelure brune s'illumina et nous montra la sortie. Quelle aventure croyez-moi !
Le reste de notre excursion se fit plus calme, ma mère nous avait retrouvées. Elle avait tenté de me faire revenir avec elle, mais je ne pu m'y résoudre. J'avais goûté à la liberté et je ne voulais plus la quitter. Aussi elle me rendit la sacoche dans laquelle se trouvait l'objet de la fidélité de Flynn. Intelligente ma mère me demanda de rendre la sacoche à Flynn et ainsi je verrais son vrai visage. Mais je ne pu le faire. J'vais trop peur. Trop peur qu'elle ait raison, trop peur qu'il prenne ses jambes à son cou comme il l'avait si souvent fait par le passé. Alors, je l'ai dissimulé jusqu'à ce qu'il me mène au château du roi. Je me rappelle de mon émerveillement lorsque j'avais découvert la beauté de ces lieux. Mon incompréhension devant le portrait du roi et de la reine tenant dans leur bras la princesse disparue. Là-bas je m'étais fait tresser ma chevelure par des petites filles qui une fois la tâche achevée étaient éreintées. J'avais dansé, ri avec des inconnues. J'étais vivante. Je connaissais enfin le goût de la vraie vie. Et j'étais en train de succomber involontairement aux charmes du voleur.
La soirée fatidique arriva enfin. Mon rêve prenait enfin une réalité. Cette dernière dépassée mes espérances, tout était si beau. J'aimais tellement cette vision. Tout était parfait. C'est cette nuit là où je me suis aperçue que j'étais tombée amoureuse de lui. Ce sentiment que je ressentais été le même que dans mes livres en plus déroutant. J'y ai cru. Je l'ai cru. Je l'ai cru quand il insinuait qu'il m'aimait. J'étais si naïve. Bercée par ce sentiment d'amour j'y ai rendu sa sacoche. Quelle sotte ! Nous allions nous embrasser, enfin c'est ce que je pensais. Mais il a trouvé une excuse pour revenir sur la rive. J'aurais dû comprendre, mais j'y ai fait confiance. Je l'ai attendu sur la barque, lui adressant avec tendresse : « Je vous attends ici ». Il a vraiment dû se rire de moi en me voyant ainsi confiante, parce qu'il n'est jamais revenu. Non il m'a laissé là. Il m'a abandonné à deux hommes qui n'en avaient qu'après mes cheveux. En cet instant je l'ai maudit. Mon coeur était brisé, il l'avait piétiné et ce fut pire en le voyant s'éloigner sur son bateau. Il était un goujat. Il avait volé mon coeur et l'avait ensuite écrasé sans ménagement.
J'ai essayé de les fuir. J'ai vraiment essayé, mais mon chagrin m'empêchait de penser clairement, ma tresse se coinça dans un obstacle. J'étais prise au piège. Terrorisée. Forte-heureusement ma mère me sauva en les assommant. J'eus tout juste le temps de la voir m'ouvrir ses bras avant que la malédiction nous aspire.
Encore ces cris, encore ces bruits de porcelaine, les insultes fusent dans la cuisine. Des insultes, accompagnés de pleurs les miens. Assise dans le coin le plus sombre de ma chambre, mon ours en peluche contre moi, je tiens fermement mon livre de conte. Depuis que ma mère me l'avait offert pour mon septième anniversaire il était ma boué de sauvetage. Je le lisais, me délectant de toutes ces fins heureuses. J'aurais ma fin heureuse j'en étais certaine. Mes parents aussi, il le fallait. M'accrochant à cette idée, je séchais mes larmes, lisant mon conte en chuchotant pour couvrir les hurlements de mes parents. Voici l'histoire de mon enfance. Je suis née en Allemagne. Mon prénom est sans doute la seule chose où mes parents réussirent à se mettre d'accord. Anthéa, fleur en grec, une signification qui engendra de nombreux surnoms tous basé sur la fleur. Ca pouvait aller de ma merveilleuse fleur à ma petite-fleur. Tant de surnom que j'aimais. Malgré la haine sans égard que se vouait mes parents j'avais tout ce que je désirais. Mes moindres petites envies étaient assouvies, l'avantage d'avoir des parents bourrés de fric. Ceci dit ils n'ont jamais pu m'offrir la chose que je désirais le plus : une famille.
« Comment as-tu osé ? Comment as-tu osé me tromper ? » Les cris de mon père résonnaient dans la maison, allongé dans mon lit je sentais des larmes s'échappaient de mes yeux par milliers. Ma mère trompait mon père ! « Parce que toi tu t'es gêné peut-être ça va faire quinze ans qu'on est ensemble et depuis qu'anthéa est née tu ne cesses de t'absenter plus longtemps le soir. Tu croyais vraiment que je ne le savais pas ? Camille, c'est ça son nom hein ? Cesse donc de jouer les maris jaloux, ça ne te va pas du tout. » Ne prenant pas le temps d'écouter la réplique de mon père je rassemblais quelques affaires dans un sac de voyage, des sanglots venant me couper la respiration. Ma vie partait complètement en live. Mes parents qui jouaient les amoureux transit en présence d'autre personne se haïssait au point de se lancer des horreurs chaque soir un peu plus. C'était que des hypocrites. Tombant nez à nez avec mon livre de contes je le balançais à l'autre bout de ma chambre cassant au passage le cadre de mes parents et moi. Toutes ces histoires avaient tort les fins heureuses n'existaient pas ! Le prince charmant non plus ! Plus jamais je n'écouterais ces menteurs d'écrivains ! Jamais. Après avoir fini ma valise essentiellement remplis de vêtements je la lançais par ma fenêtre avant de descendre à mon tour grâce à l'arbre qui se trouvait juste en face de ma chambre. Tout aurait pu se passer correctement. J'aurais pu réussir à m'enfuir et mes parents s'en seraient aperçus le lendemain et encore ce n'était pas certain. Mais ma maladresse couplée avec les torrents de larmes que je versais ne me simplifièrent pas la tâche. Alors qu'il ne me restait que quelques mètres à descendre, mon pied glissa et je tombais avec violence au sol. Mon cri avait eu le bénéfice de faire taire mes géniteurs. Moi qui voulais être discrète c'était loupée. La jambe cassée mes parents me menèrent à l'hôpital dans une nouvelle dispute afin de savoir à qui était la faute. Dès ma sortie, mon plâtre bien encré sur ma cheville, je tentais de dompter les béquilles tandis que le verdict tombait : mes parents divorçaient.
Deux jours plus tard, mes valises étaient refaites avec plus de précision et ma mère me sépara de mon père à tout jamais. Après des heures de voyage que j'avais passé silencieuse à bouder et écouté la musique nous arrivâmes dans une petite ville du Maine : Storybrooke
C'est dans cette ville que j'ai complètement sombrée dans le côté sombre de la vie. Je pourrais dire que c'est à cause des rencontres que j'ai faites, mais non. Dire cela serait mentir, tous mes choix je les ai faits en connaissance de cause. Je voulais me venger. Ah mes yeux ma mère avait détruit ma famille, ou du moins mon semblant de famille, alors j'ai choisi de lui faire regretter ses choix.
Quelques semaines après mon arrivée dans cette ville, trop calme du Maine, j'ai fait mon entrée au lycée. Regardée comme une bête curieuse durant les premières heures j'ai finalement été vite acceptée. C'est dans ce lycée que j'ai fait la connaissance de quelques dealer bien que ce nominatif ne leur correspondent pas tellement, en réalité c'était juste des personnes vivant par delà la légalité. Ils étaient drôles, puis il y avait Aaron. Ce garçon qui avait fait chavirer mon coeur. Oui, j'avais succombé à son côté un peu brun ténébreux. Mauvais garçon et tout ce qui va avec il m'a initié à tous les plaisirs de la vie. Le sexe, la décadence, tout et vraiment tout. Il m'a rendu vivante, j'en étais folle amoureuse, mais il a fini par me briser le coeur ! Lâchement ! Avec la manière la plus minable qu'il existe, en me trompant avec ma meilleure amie ou du moins mon ancienne meilleure amie. Qu'importe cette fille n'est plus rien pour moi désormais.
Une chose est sûre, je les haïe autant l'un que l'autre, mais je suis devenue la plus douée. Je les ai devancés sur tous les tableaux. Je me suis émancipé de ma mère, mais surtout je suis devenue la meilleure dealeuse qu'il existe dans cette ville.
Après cette mésaventure, j'ai également choisi de ne plus croire en l'amour. Ce sentiment qui me dégoûte et qui m'exaspère.
Il y a quelques mois, la malédiction a été brisée. Je sais qui je suis désormais, ou du moins je pense le savoir. Pour la première fois depuis longtemps je me souviens de tout. Je sais qui je suis. Je suis Médusa mais également Raiponse. Il faut avouer que j’ai eu du mal à me faire à cette idée. Durant les premières heures de la malédiction je n’ai jamais eu de cesse de me mettre la tête à l’envers afin d’oublier. Je voulais oublier la douleur de ma transformation. Oublier que j’avais été maudite par une déesse pour le simple fait d’avoir fait l’amour avec l’homme que j’étais dans son temple. Je voulais oublier tout ça, toute cette haine et cette rage, oublier ma mort qui n’avait même pas été définitive. Contre toutes attentes mes peurs passées sont réapparues. J'ai souvent l'impression de devenir folle, je change d'humeur aussi rapidement que ce que je change de chaussure. Mais ceci n'est pas la pire nouvelle que j'ai appris. Non en réalité c'était il y a quelques semaines alors que je me retrouvais seule dans ma chambre, je m'étais assise sur mon lit. Les bienfaits du cannabis venaient de se dissiper. Mon regard fixé sur mes dessins, j'entendais la voix lointaine de Gotel s'emparer de mes souvenirs. Sans savoir ce qui me poussait à la chanter à nouveau je saisissais ma brosse à cheveux, attaquant de chanter le chant qui avait rythmé ma véritable enfance. Selon les rumeurs Storybrooke était dépourvu de magie sauf pour certain, mais malgré toute ma magie restait la même. Après quelques paroles mes cheveux prirent leur teinte blonde d'origine. Au premier changement j'avais poussé un hurlement strident, regardant mon reflet dans le miroir. Mes cheveux reprenant leur couleur brune j'observais ma magie s'éteindre. Comment était-ce possible ? Avais-je toujours le pouvoir de soigner les autres et de leur accorder la jeunesse éternelle ?
Je n'allais pas attendre qu'une autre personne se serve de moi pour le savoir. Sans crier garde, je courrais dans la cuisine saisissais un couteau et m'ouvrait la main avec violence tapissant le sol de quelques gouttes de sang. Repartant dans ma chambre, je m'enfermais et j'enroulais ma main dans ma chevelure qui était largement plus courte que dans ma vie au monde des contes mais qu'importe. Fermant les yeux je sentais mon cœur palpiter dans mon corps, j'avais peur, peur que mes cheveux soient toujours magiques, peur que les personnes qui connaissaient leur pouvoir les veulent à nouveau. Il ne fallait pas qu'ils me guérissent. A la fin de ma chanson je rouvrais les yeux, dénouant ma main de ma chevelure. Ma blessure n'était plus. Cette nuit là j'avais pleuré de rage. Mais j'avais surtout repris les pinceaux. J'avais peint. Mes peintures étaient bien loin à celle que je peignais antan. En réalité c'était plus des scènes similaires à des scènes de guerre. Je peignais la désolation, la destruction les couleurs sombres ornant mes œuvres. Je ne sais pas ce qui me pousse à peindre ces scènes-là. J'ai parfois l'impression que les lieux que je représente sont issus du monde des contes, mais je n'ai quasiment rien connu du monde extérieur hors mi en ce qui concerne l'Olympe bien entendu et encore, même l'Olympe je n'en connais que quelques parcelle. Alors, je ne sais pas d'où me vienne ces visions d'horreur qui m'effraie autant qu'elles me fascinent.
Il m’arrive régulièrement de me complaire dans mes tourments de me dire que rien ne va dans ma vie, pourtant je sais que ça pourrait être pire. Après tout je pourrais encore être capable de figer les gens juste en les regardant. Ou pire je pourrais avoir des serpents à la place de mes merveilleux cheveux bruns.
Oh et je ne vous parle même pas de mon prénom : Anthéa. Je trouve cela tellement ironique ! Anthéa ! Ce nom est tellement similaire à celui de la femme qui a ruiné ma vie ! Longtemps j’ai voulu prendre mon second prénom, Satine est un très jolie prénom aussi, mais je ne l’ai pas fait par pur excès d’arrogance. Je sais également que si cette dernière me voit avec un prénom si similaire au sien, elle sera folle de rage. Alors, j’ai décidé de le garder afin d’assouvir une minuscule vengeance auprès de cette maudite déesse. Je suis sans doute folle de vouloir provoquer une déesse de l’envergure d’Athéna, mais je m’en fiche. Ce n’est pas vous qui vous réveillez la nuit en hurlant de douleur. Mes souvenirs sont douloureux ! Ma vie à été douloureuse à cause d’elle. J’ai le droit de la haïr et je me délecterais de ma haine aussi longtemps que je le pourrais !
Je ne sais comment ma vie va tourner désormais. Je me sens souvent sombrer dans une folie que je soigne en fumant. Vais-je devenir folle ? Vais-je retrouver mes sœurs ? Je n’en ai aucune idée, mais je me bâterais. Je ne laisserais jamais plus personne m’emprisonner ou même me priver de ma vie comme on me la fait subir dans mes autres vies. Cette fois je serais celle qui gagne et non celle qui subit ! Je suis déjà la meilleure trafiquante de la ville qui sait ce que je parviendrais à faire maintenant…