JE NE SUIS PAS UN MONSTRE J'AI JUSTE ESSAYÉ DE SAUVER NOTRE PEAU
Tout commença il y a bien longtemps dans une contré éloignée du territoire vert, dans une petite maison de bûcheron. Une maison dans laquelle se trouvaient sept filles. C'est dans cette humble demeure de bûcheron que j'ai connu les premiers moments de ma vie. J'étais la septième fille de cette famille, Seth. Vous avouerez qu'ils ont oublié d'être original mes parents, mais qu'importe de toute façon il était très rare qu'on l'appelle par son prénom généralement les membres de sa famille l'appelé le petit Poucet, pour la bonne et simple raison que j'étais la plus petite et la plus svelte de ma famille. C'est pour ces raisons que j'ai souvent été l'objet de nombreuses moqueries en provenance de mes soeurs-aînées, je ne vais pas dire que j'en ai beaucoup souffert, ce serait faux. En réalité je me fichais pas mal de ce qu'elles pouvaient bien penser de moi, pour moi la seule chose qui importait c'était de rester la petite favorite de mon père qui même épuisé par ses journées de travail trouvaient du temps pour me cajoler.
C'est avec ces multiples tensions envers mes soeurs et moi ainsi que mon admiration inconditionnelle pour mon paternel que je grandissais en pensant bêtement que cela ne changera jamais. J'étais heureuse et j'avais également Lady Marianne. Elle était une princesse, mais elle n'était pas comme toutes les autres, elle n'avait pas honte de venir s'amuser avec moi et son père ne lui interdisait pas de nouer du lien avec ce qu'ils appellent le « petit peuple ».
C'est lors de ma septième année que tout changea, mes parents étaient endetté jusqu'au cou et ne pouvait plus subvenir à nos besoins. Cela faisait déjà plusieurs années que c'était ainsi, seulement cette fois-ci les sept bouches qu'ils avaient engendrés ne pouvait plus être remplis. Je ne sais pas comment mes parents en sont venus à prendre cette décision, mais un soir alors que je n'arrivais pas à dormir j'avais déserté mon lit afin d'aller quérir un peu d'amour paternel, je les ai entendus, ils étaient tous les deux assis devant le maigre feu de cheminé, les traits tirés prévoyant de nous abandonner toutes les sept. Je me souviens que lorsque j'entendis ces mots, j'étais restée un moment consternée, triste, hantée par un sentiment de trahison que je ne parvenais pas à faire taire. Je n'étais pas du même avis qu'eux, ils ne pouvaient pas nous abandonner ainsi, non ils n'avaient pas le droit de nous traiter comme du bétail. Je n'allais pas les laisser faire. C'est pour cette raison que j'étais sortie par la fenêtre afin de ramasser le plus de cailloux possible et de remplir au maximum mes poches avant de partir me coucher.
Le lendemain ce fut sans grande surprise que mes parents nous proposèrent ne mine de rien une balade en forêt. Balade qui réjouissaient mes soeurs, je crois que ce fut à cet instant précis que j'ai définitivement réglé mon oedipe. Voir mon père là face à moi, sans même sourcilier conscient de ce qu'il s'apprêtait à faire à ses filles. Il avait l'air de ce foutre complètement du fait qu'on allait certainement se faire attaquer par des bêtes sauvages. Je me suis longtemps demandé où était passé cet homme bienveillant et aimant que je chérissais depuis sept ans. Comme à mon habitude, je retardais la troupe en marchant derrière tout le monde, je déposais régulièrement mes cailloux tout en veillant à ne pas me faire prendre la main dans le sac ou plutôt la main dans la poche par l'un de mes deux parents.
Ces derniers ne se rendirent compte de rien. Comme ils l'avaient si bien prévu, ils se chargèrent de nous occuper avant de nous laisser toutes les sept, seules en nous promettant de revenir. Un mensonge que mes soeurs gobèrent sans la moindre hésitation. J'avais passé plusieurs heures à leur ouvrir les yeux, mais malgré mon récit mes deux aînées s'entendaient pour dire que j'avais tout inventé. Pour elles nous devions attendre qu'ils reviennent et bien entendu mes autres soeurs c'étaient accordées pour approuver cette magnifique décision. C'est pour cela que nous restâmes une nuit entières à frissonner à fixer l'endroit où nos géniteurs avaient disparu. Enfin pour ma part je m'étais contentée d'attendre couchée dans la mousse qu'elles avouent que les deux cruches avaient tort et que par conséquent j'avais raison. C'est après que le jour eut enfin montré le bout de son nez que ces dernières firent enfin preuve d'un minimum d'intelligence en admettant ce que j'avais passé la nuit à attendre sagement. Suivant chacun des cailloux que j'avais semés avec application la veille, nous rentrâmes à la maison victorieuse et épuisées pour le plus grand bonheur de nos parents qui venaient de recevoir une généreuse entrée d'argent. Seulement, je n'avais plus confiance en eux. Je prévoyais le moment où ils allaient à nouveau réitérer leur expérience. C'est pour cela qu'une nuit j'avais volée une miche de pain que nous n'avions pas mangé pour la dissimuler sous mon matelas. Et deux jours plus tard ils recommencèrent, de mon côté j'avais à nouveau semé avec précaution le pain que j'avais dérobé quelques jours plus tôt. Seulement, cette fois-ci mon plan ne marcha pas, les oiseaux dévorèrent chacun de mes repères sans la moindre pitié alors que mes soeurs et moi contions sur eux pour nous sauver la mise. Après une violente dispute entre nous, on s'allia pour la première fois depuis notre piteuse existence pour survivre.
Une tâche qui s'avéra horriblement compliquée. Le froid nous glaçait le sang, la peur nous donnait la nausée et nous faisait régulièrement oublier la faim qui nous tiraillait l'estomac. Cela devait faire quatre ou cinq jours que nous airions comme des âmes en peine dans la forêt en évitant de mourir tuées par les loups ou encore les sorcières ou bien les monstres qui traînaient dans ces forêts. En ce temps-là j'ignorais si les rumeurs qui dansaient dans le village étaient vraies ou fausses, mais une chose était sûre je n'avais de cesse d'y songer. Je pense que c'est mon manque de sommeil et tous les autres détails de notre situation qui me rendirent folle. Il fallait que je sauve la situation. Je ne pouvais pas rester-là à rien faire en nous laissant mourir de faim. C'est ce qui me poussa à tuer ma première ainée, je l'avais attiré dans un piège que j'avais passé la nuit à élaborer. Je dois vous avouer que je ne me savais pas si forte, j'étais certaine que jamais je ne serais capable d'aller au bout de mon idée pourtant j'y suis parvenue. J'ai tué mon aînée de sang froid. Je lui avais mis le coup fatal une fois que cette dernière était dans les vapes. Une fois ma tâche accomplie je l'ai préparé à mes autres soeurs en secret en prenant soin de dissimuler tout ce qui pouvait leur relever la véritable identité de leur repas. Je le jure si j'aurais pu, je n'aurais certainement pas pris cette décision ! Tuer ma soeur, malgré le fait que je ne l'appréciais pas tant que cela, la tuer et la préparer n'avait pas été une tâche facile à accepter pour ma conscience. Finalement, j'en étais venue à la conclusion que rien de ce terrible malheur n'était de ma faute. J'étais innocente dans cette histoire ! C'était mes parents les uniques responsables. Si ces derniers n'avaient pas décidé de nous laisser à l'abandon jamais j'aurais été forcé de la tuer. C'est ainsi que j'offrais au repas décent à mes soeurs agonisant de faim, j'avais soulagé leur souffrance et de leur côté elles n'avaient pas cherché à savoir comment j'étais parvenue à chasser un tel gibier.
Les semaines qui suivirent se ressemblait étrangement et je fus contrainte de répéter ma précédente expérience en tuant la plus âgée de mes soeurs et la même manière que la dernière fois. C'était Christine. Elle et Kate (la première soeur tuée) était comme deux meilleures amies et Christine avait eu des doutes moi depuis quelques jours, elle faisait des allusions sordides, elle était un danger que je devais écarter. Sans compter que la faim nous tordait à nouveau l'estomac. Je n'avais plus le choix. Une fois de plus je la préparais et la servait en dissimulant toute trace de son identité. Une fois de plus quatre soeurs restantes ne cherchèrent point à savoir d'où je sortais ce nouveau repas.
C'est le lendemain, après une longue promenade que nous étions tombées sur la maison qui avait nourris les rumeurs du village : la maison des ogres. Nous n'aurions sans doute dû nous éloigner de cette dernière, prendre nos jambes à nos cous, mais non, ont étaient fatiguées d'errer comme des âmes en peine dans des bois où on ne parvenait pas à vivre autrement qu'en nous mangeant les unes les autres et je ne me sentais pas de tuer une autre de mes soeurs.
C'est pour cette raison que j'ai poussée mes quatre autres soeurs à pénétrer dans cette demeure où se trouvait un couple presque pas effrayant. C'était des humains, nul pustule ne se trouvait sur leur visage qui était relativement chaleureux, bref ils n'avaient pas l'air d'être des monstre. Malgré le fait que l'homme n'avait de cesse de me regarder comme si j'étais un morceau de chocolat. Ce regard était bien trop déconcertant, mais je ne me laissais pas saisir par la peur, je préférais me donner à cent pourcent dans la nouvelle tâche que je m'étais accordée : préparer nos baluchons pour réussir à survire encore quelques jours afin de trouver un nouveau village où nous pourrions vivre en sécurité. Mais cette activité ne me pris pas des heures, j'avais beau mettre tout mon coeur dans l'action, les défaire et les refaire ne servait plus à rien sans compter que je risquais de me faire prendre en plein délit de vol, car oui en plus de la nourriture que j'avais glissée divers objets précieux que je prévoyais de vendre au marché. C'est pour cela que je finissais par rejoindre les soeurs nos baluchons en main et que porter le chapeau rouge cousu à la main que la femme me tendait. Après avoir examiné mes soeurs, je m'apercevais que nous portions toutes une couleur différente. Pourquoi ? Quelques brides de réponse me parvenaient à l'esprit, mais ce fut l'ultime regard de l'homme me lança avant que j'aille me coucher dans un vrai lit depuis des semaines en compagnie de mes soeurs, que le désir d'échanger en secrète mon bonnet avec Lizbeth me saisissait. Cette dernière ne chercha pas à comprendre pourquoi je lui demandais ce service et me donna son bonnet, pressée d'aller dormir dans un lieu confortable et au chaud.
Rapidement les bras de Morphée nous saisir et nous en avions presque oublié toutes nos mésaventures passés. C'est le chef de maison qui nous rappela violemment à la réalité, lorsqu'il tenta de violé Lizbeth. Réveillées par ses cris, nous allions assister à son enfer, mais nous ne sommes pas parvenues à nous taire et à rester sagement allongées en faisant semblant de dormir pendant que ma soeur aînée se faisait violé par ma faute, comme de vraies soeurs dignes de ce nom l'auraient fait nous nous sommes interposées sauvant Lizbeth des griffes du pervers avant de nous enfuir. En guise de souvenir, je volais un ultime objet de cette maison : les bottes de celui qui avaient ruiné notre nuit. Ce que je ne savais pas, c'était que ces bottes étaient les bottes de sept lieux. Cette nuit là nous avons couru comme des folles sans réellement nous soucier d'où on allait. La seule chose qu'on voulait c'était fuir cette maison et ce qu'elle contenait et dans notre évasion nous n'avions pas oublié les baluchons que j'avais si soigneusement confectionnés quelques heures plus tôt. Je ne sais pas comment nous nous sommes débrouillées ce soir-là, mais nous avons retrouvé le chemin qui menait à notre véritable maison et contre toute attente nos parents étaient véritablement heureux de nous retrouver, bien que nous n'étions pas au complet. Ces derniers ne tentèrent pas vraiment de connaitre le fin mot de l'histoire concernant la disparition de leurs deux filles aînées, je pense qu'ils se sentaient trop coupable de leur mort pour oser le moindre questionnement. Du côté de mes soeurs, je pense qu'elles savent aussi ce qu'il est vraiment advenu de Christine et Kate, mais elles n'ont jamais rien dit. La raison de leur silence m’est encore inconnue, la seule chose que je sais c’est que nous avions parlé de notre mésaventure à nos parents et j’en avais profité pour glisser à ces derniers que c’était ce couple qui avait tué leurs deux filles. Un mensonge qui passa comme si de rien n’était et je pense qui me culpabilisa un peu plus aux yeux de mes quatre autres sœurs. Seulement, comme je vous l’ai dit elles ont gardé le silence, par peur, par honte, par dégout, je n’en ai aucune idée et au final cela m’arrange bien.
Le lendemain, mes parents partirent quérir les autorités, qui ne cherchèrent pas à démêler le vrai du faux dans cette histoire et qui arrêtèrent le couple en question, en découvrant par la même occasion plusieurs corps de fillette, certaine ayant étaient abusées d'autre juste assassiné. C'est ainsi que moi le Petit Poucet ou Seth comme vous voulez, je suis devenue l'héroïne de ma famille et non la cannibale un tantinet ogresse que j'étais en réalité. A huit ans, je retrouvais un peu de stabilité dans la maison qui m'avait vue naître et grandir, mais contrairement à mes soeurs, je n'ai jamais réussi à refaire confiance à mes parents. Je prévoyais toujours le moment où ces derniers allaient nous abandonner une nouvelle fois. J'appréhendais chaque nouvelle arrivée de taxe ou de facture, mais surtout j'appréhendais le moment où tous les objets précieux que j'avais dérobé ne viennent à s'épuiser.
Malgré mes craintes et les dires de mes soeurs qui avaient repris leur vie d'avant comme si nos aventures des derniers mois n'étaient qu'un cauchemar, j'ai préféré me séparer de mes géniteurs pour me rapprocher de ma grand-mère.
Les années passèrent, est j'avais appris à vivre avec mes crimes, d'ailleurs je n'y avais jamais plus repensé et je m'étais persuadé que mes mensonges sur leur mort était vrai. De son côté ma grand-mère m'inculqua les premiers rudiments du marché et de la culture des fruits et légumes. Je devais avouer que j'aimais aller au marché avec elle, je voyais plus de personnes et j'aimais être avec ma grand-mère qui était bien la seule adulte en qui j'avais réellement confiance à l'heure actuelle.
Un jour alors que j'allais vers ma quatorzième années et sept années sans le moindre meurtre (trop forte hein ?), je fus violemment bousculée par un homme qui était en train de regarder l'étale de mon aïeul. Le plus naturellement possible je m'étais retrouvé fesse à terre, vexée et blessée dans mon amour propre. Ce dernier ayant à peine pris la peine de formuler des excuses, ce fus ma grand-mère qui calma ma montée de colère en s'occupant de moi soignant la blessure que ce dernier m'avait infligé entre les sourcils avant de me demander d'aller faire un tour. Oh oui je savais ce qu'elle était en train de faire et je n'avais pas cherché à me rebeller de peur que cette dernière refuse de me reprendre au marché. « La prochaine fois regardez devant vous ! » fut la seule chose que j'avais balancée au goujat avant que je m'en aille, le plus loin possible de ce dernier.
En ce temps-là j'ignorais encore que ce fameux garçon allait être l'amour de ma vie.
C'est sept ans après que tout se concrétisa, alors que j'étais tranquillement en train de me balader dans le village, rêvant de ma prochaine liberté. Mes vingt-et-un ans approchant je voyais le monde s'ouvrir devant moi. Contrairement à mes soeurs je ne voulais pas rester dans ce village avec ces personnes qui m'avaient abandonné à mes sept ans sans aucun scrupule. J'avais envie de fuir à Nottingham, là où se trouvait ma meilleure amie. J'étais persuadée que là-bas je trouverais l'homme de ma vie et qu'enfin j'allais pouvoir être pleinement heureuse. C'est là où je l'ai rencontré Juan Battista Ténorio, un homme des plus séduisants, je fus irrémédiablement attirée vers lui. Il ne me fallu pas plus d'une heure pour tomber sous son charme et pour oublier tous mes projets. Le soir même j'en avais parlé à mes soeurs, mais elles n'étaient pas du même avis que moi. Si je trouvais cet homme parfait mes soeurs avaient entendu parler de lui, elles me disaient que c'était un coureur de jupons à mauvaise réputation. Elles me déconseillaient de retourner le voir, seulement j'étais inconditionnellement attiré par lui. Je n'avais pas su me contrôler et j'étais retournée le voir, les papillons dans le ventre, qui me donnait l'impression que je n'arrivais pas à respirer, sauf quand j'étais à ses côtés. Je l'avais vu, assis sur la fontaine m'attendant sagement. Oh oui je le jure, c'est à cet instant que je suis tombée amoureuse de lui. Ce soir-là fut la première fois où un homme m'a embrassé. Je me souviens encore de cette magnifique sensation d'électricité qui avait hanté mes lèvres, me prenant ensuite dans tout le corps dès qu'il posait ses mains sur ma peau. Cette soirée fut l'une des plus belles de ma vie, nous avions parlées sans même s'ennuyer.
Le lendemain j'écrivais une lettre à Lady Marianne pour lui raconter ma rencontre, c'est en rédigeant cette dernière que je le revis derrière ma fenêtre un bouquet de fleur à la main. Je n'avais eu d'autre choix que de remettre la rédaction de ma lettre à plus tard. Pour mon plus grand bonheur j'étais à nouveau dans ses bras.
C'est deux jours plus tard quand je me décidais d'envoyer enfin à envoyer la lettre à ma meilleure amie que je m'apercevais que l'homme que j'aimais n'était nul autre que celui qui m'avait bousculée sept ans auparavant. Contre toute attentes nous tombèrent amoureux l'un de l'autre, malgré les disputes, les rumeurs et toutes les personnes qui avaient essayé de nous séparer nous étions toujours revenus l'un vers l'autre. C'est quelques mois plus tard que nous avons compris que nous étions des âmes soeurs. Pour la première fois de ma vie j'étais réellement heureuse ! Sept mois après notre rencontre nous nous sommes liées l'un à l'autre en fêtant nos fiançailles. A mes yeux rien n'était plus parfait que ce jour-là, persuadée de vivre heureuse à jamais j'avais cessé de toujours regarder derrière mois, j'avais arrêté d'analyser chaque phrase que prononçait les personnes qui m'entouraient pour y déceler un nouveau mensonge. Je vivais le moment présent à cent pourcent mes craintes et mes peurs ayant disparu, seulement cela dura que sept mois.
Alors que nous étions en train en train de planifier notre mariage, un mariage que nous voulions simple, un homme se présenta à nous enfin il se présenta surtout à mon fiancé. Cet homme c'était le Commandeur. C'était le père d'une fille que Juan avait tuée plusieurs mois avant notre rencontre, sur l'instant je n'avais pas voulu croire l'inconnu jusqu'à ce que Juan me confirme son crime. J'aurais sans doute dû m'en aller à cet instant précis, mais une fois encore je n'ai pas pu faire cela. Je n'étais pas une enfant de coeur, j'avais moi-même tué et beaucoup plus tôt que lui. Je n'étais pas la mieux placée pour lui reprocher quoi que ce soit. C'est pour cela qu'au lieu de le blâmer ou même de le fuir, je lui avais pris la main en lui murmurant que le passé était passé et que cela n'avait plus d'importance. Je pense que c'est cela qui a mis l'inconnu vengeur dans une colère noire, à moins que cela ait été son intention depuis le début. Je n'en sais rien, mais le Commandeur nous jeta une malédiction destinée à nous priver de tout bonheur. Du lever du soleil jusqu'à son coucher il serait un paon et dès qu'il redeviendra humain se sera à moi de me transformer en une chouette jusqu'au lever du soleil.
Je dois l'avouer au début je n'ai pas cru qu'une telle chose soit possible. Dans un dernier élan d'humanité le Commandeur nous accorde une seule journée par mois. Une journée pendant laquelle nous pourrions nous voir tout en nous précisant que nous avions plutôt intérêt de profiter de cette journée, une fois son discours passé il disparu aussi rapidement qu'il était apparu. Je me souviens encore du regard que m'avait accordé mon fiancé à cet instant précis. J'y avais lu une si grande peur que je n'avais pas su faire autre chose que de lui dire que tout allait bien se passer. Une phrase qu'il se contenta d'évincer par un baiser avant de me murmurer qu'il était désolé. Je n'eu guère le temps de plus le questionner, à dire vrai nous n'avons guère eu le temps de faire plus, le soleil commençant à se coucher, je me suis sentie partir. Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait, mes yeux gravés dans ceux de mon amant, je tentais de dissimuler la peur que je ressentais en cet instant, en vain. Je n'ai pas réellement souffert durant ma métamorphose, du moins pas physiquement. Le plus dur était de voir le regard de l'homme que j'aimais, la minute d'après je volais.
C'est comme ça que tout a commencé. C'est comme ça que ma malédiction commença. Une fois par mois comme prévu je retrouvais mon âme-soeur, une seule journée qui était la plus belle du mois, mais cela m'était insuffisant. Deux mois était passés et le manque de la présence de Don Juan me tiraillait plus que je n'aurais pu l'imaginer. C'est pour cela que le lendemain de notre journée mensuelle, je suis partie quérir l'une des sorcières les plus puissantes du royaume dans lequel je me trouvais : Maléfique. Cette femme m'effrayait, mais j'avais fait taire mes appréhensions, mon amour et ma souffrance m'empêchant d'avoir la moindre once de lucidité. Devant cette femme j'avais abandonné toutes mes retenues, j'avais expliqué toutes nos mésaventures en lui demandant d'y mettre fin. J'ignorais tout de la magie est du prix à payer lorsqu'on l'utilisait. Maléfique me fit croire qu'elle lèverait le sortilège, mais elle ne fit que l'empirer. Elle nous retira notre journée mensuelle sans la moindre hésitation ni la moindre once d'humanité. Oh que je m'en voulais pour cet acte stupide que j'avais réalisé sans même attendre l'avis de mon âme-soeur.
Je ne pouvais plus rester-là à le regarder se transformer en paon le jour, le regarder m’admirer sous ma forme de chouette. C’était trop pour moi, la culpabilité me détruisant de l’intérieur, j’avais pris ma décision. Je rectifierais mon erreur, mais pour ce faire il fallait que je m’éloigne de l’homme que j’aimais. Après lui avoir présentée mes excuses, je lui adressais un simple au-revoir tout en lui promettant de revenir avant d’embrasser son pelage et de partir.
C'est sous ma forme de chouette que je pus m'éloigner définitivement de mon amant. Voler la nuit, dormir le jour, voilà comment ma semaine s'est déroulée jusqu'à ce que j'arrive à Sherwood en plein milieu de la nuit. Désireuse de retrouver ma meilleure amie j'avais volé jusqu'au château de son oncle, endroit où elle aurait dû se retrouver. Enfin, c'était de la pure théorie, c'était au petit matin que je réalisais cela. Sous ma forme humaine j'avais essayé de pénétrer dans l'enceinte de ce château, en vain, alors j'avais questionné une des servantes qui sortait du domaine avec des panières pleines de linge. Je comprenais très vite que je me trompais en voyant le regard de la trentenaire lorsque j'avais prononcé le nom Lady Marianne. Elle n'était pas ici. Afin de pouvoir rester tranquille pour me reposer quelques heures, après ce décompte-là je retrouverais Marianne, elle devait être quelque part dans cette ville auprès de cet homme dont elle m'avait parlé dans ces lettres : Robin. Oui, elle était forcément ici, je n'avais pas fait tout ce voyage pour rien. C'était inimaginable.
Seulement, ce fut Marianne qui me retrouva la première. Endormie dans les bois, elle me réveilla certainement partagée entre l'étonnement et la surprise. En voyant la jolie blonde perchée au-dessus de moi, j'avais ressenti une vague de soulagement et de bonheur sans pareil, lui sautant dans les bras, j'avais pleuré légèrement avant de lui raconter mes dernières mésaventures. De son côté elle était devenue une hors la loi, un statut dans laquelle que je ne l'aurais jamais imaginé, mais elle était heureuse et c'est ce qui m'importait. Marianne, me proposa quasiment immédiatement de m'emmener avec elle dans le campement de Robin des bois, une proposition qui me touchait certes, mais une proposition que j'avais refusé. J'avais trop honte de ma nouvelle nature. Alors, Marianne me trouva un endroit sûr pour que je puisse m'y abriter, certainement une ancienne planque de son groupe. En réalité je n'en sais rien, mais je préfère ne pas savoir. Tous les matins Marianne revenait me voir et ensemble nous avons essayé de mettre fin à ma malédiction, en vain.
Quelques mois passèrent, des mois durant lesquelles je n'avais de cesse de penser à Juan. Il me manquait, je vivais de plus en plus mal notre séparation, mais je ne disais rien, mieux valait être séparée que de supporter de la voir sans jamais pouvoir le toucher. Alors que pour la première fois depuis des années nous avions une piste, nous vîmes un nuage violet arriver sur nous, quelques heures avant que ma malédiction débute.
Vingt-huit années passées à Storybrooke, bloquée dans ma vingt-deuxième année, sans que je ne m’en aperçoive, une nouvelle malédiction m’avait touché me libérant de celle du Commandeur. Je n’étais plus une chouette dès le coucher du soleil, non Régina avait trouvé mieux pour assouvir sa vengeance : elle nous avait bloqué dans un monde dénudé de magie. Un monde dans lequel nous vivions sans notre véritable identité. Elle nous avait façonnait à son idée, nous avait rendu faible, soumis et docile.
Pour ma part, je me souviens de toujours avoir vécut à Storybrooke dans le Quartier Audley à quelques maisons de celle de Mary-Jane, ma meilleure amie. Un petit-frère aimant et turbulent que j’aimais autant que je détestais par moment. Mon enfance fut heureuse, tellement heureuse, bercée par des éclats de rire, je vivais dans une tour d’argent. Mes parents, m’apprirent à bien me comporter en société. Être une fille convenable, jouer la carte de la fille parfaite, mais toute cette éducation m’a rendu faible et lâche, je n’arrivais pas à me battre face à une situation de crise. Jamais, jamais je n’y suis parvenue, me battre. Dans ce monde je n’ai jamais su me battre. Au lieu de cela je choisissais la fuite. Une chose qui ne m’avait jamais vraiment dérangé jusqu’ici.
Populaire, je l’étais également, avec Mary-Jane nous formions un duo de choc, prête à tout pour vaincre le monde. Oui enfin là j’exagère un peu, mais vous voyez le genre ! Nous étions toujours là l’une pour l’autre. Nous nous soutenions quelque soit la situation à laquelle nous devions faire face.
J’étais populaire, et je pouvais avoir le garçon que je voulais à l’instant même où je l’avais désiré, autant dire que cela était le rêve de plusieurs filles qui m’entourait.
En grandissant rien n’a changé, nous sommes parties à l’université et nous avons emménagé ensemble. Une vie de colocataire quasiment parfaite, même si parfois il nous arrivait de nous embrouillait pour des broutilles tel que découvrir qui avait mangé la dernière part de gâteau au chocolat que nous avions bien caché au fond du frigo. C’était généralement Mary-Jane qui me faisait ce coup et croyait moi ça me rendait dingue, et cette fois j’exagère pas du tout et je sais qu’elle vous dira que je suis mauvaise langue, mais c’est faux croyez moi ! Si de mon côté j’avais choisi la voie de la médecine, MJ quant à elle avait préféré la voie juridique, nous étions deux magnifiques jeunes femmes qui embrassaient des carrières tout aussi belle. Notre grande différence excepté notre couleur de cheveux résidait également dans nos choix en matière de garçon, personnellement je jetais rarement mon dévolue sur l’un d’eux, je préférais profiter de ma jeunesse sans être lié à un homme trop protecteur ou possessif. Attention je n’étais pas une fille de petite vertu loin de là juste je n’ai jamais était vraiment amoureuse contrairement à MJ qui c’était jeté à corps perdu dans une relation que je trouvais destructive, mais je n’ai rien pu faire pour convaincre mon ami de cesser de voir Alban. Il était l’homme qu’elle aimait. Il était tout pour elle, et il la rendait heureuse autant qu’il la rendait malheureuse. Enfin bref je ne passerais pas ma journée à épiloguer sur la relation Mary-Jane et Alban, qui comme vous l’aurait compris représentait un sujet de dispute entre nous.
Je me souviens que quelques heures avant que la malédiction d’oublie de Régina prenne fin grâce à Emma, je me trouvais chez ma mère, j’étais retourné chez elle pour le diner, et j’en avais profité pour me préparer pour la soirée que je m’apprêtais à passer pour récupéré mon ancien petit-ami. Quoi ca veux pas dire que j’étais amoureuse de lui, non j’étais surtout blessé de l’avoir vu se avancer au bras d’une autre femme que moi. Je voulais lui faire payer son choix, le faire regretter et pourquoi le récupérer pour moi ? Mais je n’eus jamais le temps de connaitre l’issue de mon plan diabolique. Le nuage violacé foncé sur nous englobant tout sur son passage, j’avais eu beau essayé de le fuir en me réfugiant le plus loin possible des fenêtres, ce dernier avait fini par m’atteindre.
Désormais, tout fut différent je me souvenais de tout ! Des meurtres de mes sœurs ainées que j’avais si savamment menées. Du sauvetage durement mené d’une autre de mes sœurs pour la sauvé du pervers sexuels chez lequel on avait trouvé un hébergement et qui l’avait pris pour cible pas ma faute. De ma première rencontre avec Don juan lors de ma première sortie au marché qui m’avait fait apparaitre cette fameuse cicatrice que j’avais entre mes sourcils, puis de ma seconde rencontre sept ans plus tard avec cet homme qui était resté le même. Je me souvenais de la manière dont j’étais tombé amoureuse de lui, de la manière dont on s’était embrassé, de nos fiançailles, de ces magnifiques projets que nous avions en tête, puis de cette malédiction offerte par le Commandeur afin de punir mon fiancé du meurtre qu’il avait commis sur la fille de ce dernier. Mes nuits sous ma forme de chouette, puis la séparation que ma naïveté avait engendrée. Ce flot de souvenir avait déclenché un nombre infini de question, je ne savais plus qui j’étais, je ne savais plus ce que je devais faire ni même où était mon fiancé.
Tôt le matin, alors que je venais de sortir de ma garde de nuit je me rendais chez Granny désireuse d’avoir un bon café, différent de ceux que nous servait l’hôpital avant d’aller dormir, enfin avait d’aller essayer de dormir en espérant que mes souvenirs du monde des contes ne viennent pas me hanter et ruiner ainsi ma douce journée de sommeil. Légèrement, de mauvaise humeur donc c’est ainsi que je le revis au coin de la rue qui annonçait que l’on quittait le quartier Menzel. Il était là beau comme un dieu adossé à un mur, ses doigt dansant sur l’écran de son portable. Imperturbable comme à son habitude. Sous le choc, j’avais cessé mon ascension, le regardant avec interrogation et insistance était-ce bien lui ? Ou juste un homme qui lui ressemblait ? En guise de réponse se dernier, se contenta de relever la tête, avant de s’arrêter comme moi, me fixant sans pour autant bouger, puis un sourire se greffa sur ses lèvres et sa voix s’imposa à moi : « Seth c’est bien toi ? » Seth ce prénom sorti du passé, un frisson parcourant mon échine, je serrais les lèvres en sentant des larmes me monter aux yeux. C’était bien lui. Hochant la tête, je souriais à mon tour, tandis qu’il accourait déjà vers moi. Nous échangeâmes un baiser, passionné avant que je commence à m’extasier devant le bonheur que je ressentais de l’avoir retrouvé. Je n’aimais que lui, mon ancien petit-ami qui avait pourtant animé toute mes pensées les jours avant que la malédiction prenne fin était bien loin, seulement c’était différent pour lui. Il semblait véritablement heureux de m’avoir retrouvé pourtant, il me lâcha ses dix petits mots qui me brisèrent le cœur : « C’est compliqué Seth, je suis avec quelqu’un maintenant » Puis comme si cela ne suffisait pas il a ajoutait qu’il l’aimait. Et moi ? Qu’en était-il de moi dans cette histoire ? J’étais sa fiancée ! Nous avions vécu tant de choses, surmonter tant de malheur comment pouvait-il tout laisser tomber ? Comment pouvait-il encore hésiter. La quitter aurait dû être une tâche facile, apparemment non.
Le cœur en miette, j’avais préférer le fuir plutôt que de l’affronter, je ne voulais pas l’entendre m’expliquer à quel point sa copine était géniale, belle intelligente et j’en passe et des meilleurs. Non je voulais juste parler à Mary-Jane, ma meilleure amie. Ah bout de souffle, je changeais de direction, partant vers l’appartement que je partageais avec elle et Rose, tout en composant son numéro sur mon portable. Ce dernier collé à mon oreille, j’attendais qu’elle décroche, en vain, je tombais sur son répondeur, la voix pleine de sanglot et coupé par la course que je venais de faire je lui laissais un bref message, un message qu’elle comprendrait sans doute pas : « MJ c’est Sat’ faut que je te parle d’un truc, s’il te plait rentre vite. » Une fois cela fait je rentrais chez nous et partie me refugier dans un bon bain chaud désireuse de tout oublier. Les heures passaient et ma meilleure amie ne revenait pas, elle devait être avec Alban. Alban, ou Guy de Guisborne cet homme qu’elle avait tant détesté durant notre vie dans le monde des contes qu’elle aimait désormais plus que jamais. Rose allait pas tarder à rentrer, je le savais pourtant je n’avais pas envie de lui parler. Non pas que je ne l’aimais pas loin de là, mais c’était à Marianne que je voulais parler et non à elle. C’est pour cela que je faisais mes bagages afin de retourner chez ma mère, enfin celle qui se prenait pour ma mère dans ce monde en laissant un bref mot à mes colocataires sur la table du salon.
C’est le lendemain que Rose vint me voir, pour prendre de mes nouvelles, une initiative qui me fit plaisir, elle semblait réellement désireuse de m’aider alors je lui ai tout raconté depuis le début. J’ignorais le fait qu’elle était la sorcière qui avait supprimé ma journée mensuelle pour moi elle était Rose, celle qui me faisait l’office de "mère" de substitution. Après de longues heures de discussion, elle parvint à me convaincre de la laisser m’aider en usant de la magie. Elle m’avait dit qu’elle connaissait une sorcière qui pourrait nous aider. Alors j’ai accepté, en dépit d’autre chose, j’aurais du essayer de contacter MJ à nouveau, de me présenter à elle, elle avait sans doute un problème avec son téléphone sinon elle m’aurait rappelé, mais je n’en fis rien. J’ai préféré faire confiance à Rose et la suivre à la colocation, puis elle était revenue quelque minute plus tard avec la potion qui allait régler tout mes soucis. Confiante, je l’ai bu.
C’est ainsi qu’une partie de ma mémoire a disparu. J’avais oublié tout de ma vie dans le monde des contes en ce qui concerne ma relation avec don juan, j’avais oublié également une partie de mon histoire d’amitié avec Marianne, me rappelant uniquement d’avoir été celle à qui enfant elle rendait visite. Je me souvenais par contre des meurtres que j’avais commis sur mes sœurs ainées, des deux abandons de mes parents, de ma mésaventure avec ce couple de paysan qui tuait des jeunes filles. Tout le bonheur que j’avais vécu avait disparu ne me laissant que le malheur et la culpabilité. C’est une heure plus tard que MJ rentra a la colocation bien décidé à m’avouer la vérité sur sa grossesse, mais elle me retrouva juste amnésique, en pleure avec une bouteille de rhum à la main pour oublier toute cette peine.
Depuis ce jour, MJ a accouché d’une merveilleuse petite-fille, j’ai retrouvé une vie quasiment normale jonglant entre l’hôpital et mon autre vie. Seulement, tout a changé, ma relation avec MJ a changé, et j’ai changé, je suis devenue plus sombre qu’antan mes démons et mes erreurs du passé me revenant à l’esprit je ne sais plus tellement quoi faire, j’ai peur de redevenir une chouette, bien que la raison qui a déclenché cette dernière m’ignore et je suis en colère pour une raison que là aussi j’ignore.